Les fourmis rousses des bois

, par  Eustache

A la lisière du bois, un dôme : la cité des fourmis.

Les fourmis rousses (Formica rufa L.) sont aisément reconnaissables : la tête et l’abdomen sont brun-noir alors que le thorax est rouge brique.

Ce sont de grosses fourmis, qui peuvent atteindre 1 cm.

Elle peut être confondue avec Formica polyctena , d’aspect (plus petite et glabre) et de mode de vie assez comparables.

La fourmilière

Leur nid est en général un dôme d’aiguilles d’épicéa et de brindilles, adossé à une souche.
Leur partie visible peut atteindre un mètre de hauteur. A cela s’ajoute la partie souterraine, bien plus massive.

C’est en fait une ville souterraine extrêmement organisée parcourue de galeries multiples, et pourvue de nombreuses salles spécialisées :

  • Couveuse et crèche, solarium d’incubation ;
  • greniers à viande et à graines ;
  • salle d’« élevage » des pucerons ;
  • salle de compost (chauffage central) ;
  • salle d’hibernation ;
  • chambre royale...
structure de la fourmilière

La structure du dôme est adaptée pour faire face aux intempéries :
Les grosses brindilles, placées à l’intérieur du dôme constituent une charpente. Les petites brindilles et les aiguilles d’épicéa, en couche de plusieurs centimètres, occupent le sommet du dôme et assurent l’imperméabilité de l’ouvrage.
L’ensemble est perpétuellement entretenu et remanié.

L’architecture de la fourmilière participe à la régulation de la température à l’intérieur de la fourmilière :
les ouvrières ouvrent les sorties du nid sur les côtés ensoleillés ou sur la face ombragée, selon l’effet recherché. Elles arrivent ainsi à créer un courant et à maintenir une chaleur optimale. La nuit, pour éviter les déperditions de chaleur, elles ferment les issues. Elles agissent de même en cas de pluie.

Organisation sociale 

Les fourmis rousses vivent en colonies dans une cité qui peut abriter plus d’un million d’individus.

Dans la plupart des colonies, il n’y a d’une seule [brun]reine[/brun]. C’est la plus grosse de toutes les fourmis et c’est elle qui assure la pérennité de la colonie, pendant 10 à 15 ans.

L’organisation sociale de la colonie est complexe, générée par la chaîne d’interactions entre les individus qui la composent et les impératifs de la collectivité :

Les [brun]ouvrières[/brun] sont chargées de la vie de la cité, elles entretiennent la colonie :

  • Les bâtisseuses s’occupent de la construction de la fourmilière et l’entretiennent en permanence ;
  • Les collecteurs assurent l’approvisionnement ;
  • Les nourrices s’occupent du couvain et de la crèche ;
  • Les soldats protègent la colonie des attaques extérieures.

C’est par l’intermédiaire de phéromones (échange d’informations chimiques odorantes) que les ouvrières sont averties du lieu d’un point de ravitaillement (piste à suivre).
C’est par ce système de communication, qu’en cas d’urgence liée à la réparation du nid endommagé par un prédateur, par exemple, les bâtisseuses peuvent appeler en renfort des ouvrières ordinairement spécialisées à d’autres tâches.

Pour se défendre, la fourmi rousse peut projeter un jet d’acide formique très odorant (action corrosive) à plus de 50 cm. Elles se servent aussi de leurs mandibules pour lacérer leur proie, avant de leur injecter de l’acide directement dans les blessures occasionnées.

Lors de l’essaimage, dès le mois de mai, des jeunes mâles et femelles ailés quittent le nid pour le vol nuptial. Chaque femelle est fécondée par plusieurs mâles et va créer sa propre colonie. Les mâles meurent après l’accouplement.

dôme de la fourmilière

Rôle

Les fourmis rousses jouent un rôle important dans l’équilibre écologique :
Elles recyclent la matière organique.
Elles sont un redoutable prédateur pour de nombreuses espèces ravageuses des arbres. Elles peuvent ainsi collecter, par jour, plus de 10 000 insectes.

Prédation & Protection 

La fourmi rousse des bois fait partie de la liste rouge des espèces menacées.

Elles sont menacées principalement par l’action de l’homme sur le milieu forestier, et parfois par la destruction volontaire de leurs nids, par des acteurs qui ignorent leur utilité écologique.

Les prédateurs naturels de la fourmi rousse sont les pics (vert, noir, épeiche et torcol fourmilier) : Ils introduisent leur longue langue gluante dans la fourmilière et en retirent fourmis et larves...

Voir en ligne : Les fourmis