Plaidoyer pour la défense du lion comtois

, par  Nicolas

NON AU LOGO SANS AME SUR NOS PLAQUES D’IMMATRICULATION !

NON au logo !
OUI au Lion !

Une nouvelle disposition réglementaire prévoit qu’à partir du 1er janvier 2009 (elle devait initialement entrer en vigueur courant 2008), les plaques d’immatriculation automobiles pourront, en option, arborer un emblème régional. Contre toute attente, par délibération du 19 mars 2007, le Conseil Régional de Franche-Comté a décidé à l’unanimité de faire de son logo, représentant une Franche-Comté bleue se détachant sur une France rouge, l’emblème que les Comtois pourront faire figurer sur leurs plaques.

Ce choix est inadmissible. En effet, s’il est légitime que le Conseil Régional fasse usage, pour ses besoins spécifiques, d’une marque distinctive qui lui soit propre, il est en revanche aberrant de faire de ce logotype l’emblème de la Franche-Comté et de sa population…

La Franche-Comté et les Francs-Comtois possèdent depuis des siècles un emblème héraldique, qui prend place soit sur un écu, soit sur un drapeau, et qui se décrit ainsi : d’azur billeté d’or, au lion couronné de même armé et lampassé de gueules. Cet emblème est le seul légitime.

Par conséquent, nous, signataires de cette pétition, faisons savoir que nous nous opposons vivement au choix du Conseil Régional, pour les motifs suivants :

Parce que les armoiries au lion peuvent se targuer d’une histoire vieille de plus de sept cents ans : leur adoption par Othon IV, comte de Bourgogne, remonte à la fin du XIIIe siècle.

Parce qu’Othon IV, en abandonnant l’aigle germanique au profit d’un lion aux couleurs azur et or du royaume de France, soulignait ainsi le rapprochement diplomatique entre la Franche-Comté et la France.

Parce que cet emblème dynastique s’est transmis à nos souverains et souligne l’originalité de notre histoire : Charles Quint, en tant que comte de Bourgogne, plaçait le lion comtois sur la poitrine de l’aigle impériale, et ses successeurs les Rois d’Espagne en firent eux aussi usage.

Parce que les heures de gloire de l’histoire de notre région sont associées au lion : au XVIe siècle, le lion comtois ornait les portes de notre Parlement, ainsi que les pièces de monnaies battues à Dole.

Parce que depuis des siècles, les Comtois, et pas seulement leurs dirigeants, se reconnaissent dans ces armoiries : déjà au XVIIe siècle, les commerçants de Dole les faisaient peindre sur les volets de leurs devantures.

Parce que la destinée de ce lion a survécu à l’annexion française pour prendre un nouveau sens. Si la devise associée à ces armoiries, « Comtois rends-toi, Nenni ma foi ! » est un souvenir de la résistance des Comtois face aux troupes françaises, le lion est devenu ensuite le symbole du courage comtois face à tout ennemi de la France : c’est un lion qui veille sur Belfort, et c’est bien le même lion, associé à notre devise, qui fut adopté par des Résistants comtois en association avec le tricolore, pour signifier le refus de l’Occupation allemande.

Parce qu’il est donc le reflet d’une histoire originale, certes mouvementée mais unique, parce qu’il incarne notre vaillance, ce lion doit être conservé.

Parce que le lion comtois est aujourd’hui utilisé avec fierté par de nombreuses institutions locales : il claque au vent devant le Conseil Régional et nombre de mairies. Les forces de gendarmerie, et plusieurs unités militaires, en font également usage. De même, nombre d’associations sportives et culturelles l’ont intégré dans leur emblématique, sans oublier les villes qui l’arborent en chef de leurs armoiries.

Parce que spontanément, c’est le lion qui est choisi par les Comtois de tous bords politiques et de toutes origines pour signifier leur appartenance à la Comté. On le voit par exemple sous forme d’écussons adhésifs sur les camions ou les automobiles. De nombreux commerçants et artisans l’emploient également. Sur les stades, le lion, le jaune et le bleu, sont les marques distinctives des supporters sochaliens. Lorsque nos sportifs nous ramènent des médailles sportives (olympiques par exemple), c’est avec des drapeaux au lion comtois qu’ils sont acclamés.

Parce que d’autres régions comme l’Alsace ou Provence-Alpes-Côte d’Azur ont renoncé à des logos que personne ne comprenait pour renouer avec leurs traditions héraldiques et utiliser de véritables armoiries. Quand au Conseil Régional de Bretagne, qui ne met pas les deux pieds dans le même sabot, il possède un logo qui lui est propre et distingue son action, et a choisi pour les plaques d’immatriculation le drapeau breton.

Parce qu’il n’y a que les gens de mauvaise foi pour voir dans le lion comtois l’expression d’un dangereux séparatisme, sauf à considérer tous ceux qui l’utilisent déjà aujourd’hui comme de dangereux activistes, ce qui est évidemment absurde. Nos voisins Suisses arborent tous les armes de leur canton sur leurs plaques d’immatriculation sans qu’on ne les ait jamais soupçonnés d’arrière-pensées malveillantes.

Parce que remplacer notre lion par un logo sous prétexte que ce dernier fait plus moderne, c’est comme envoyer Marianne à l’hospice pour la remplacer par Footix.

Parce que ce logo est l’emblème d’une institution, le Conseil Régional, et non de la Franche-Comté et des Comtois. Sa présence indique donc une participation, financière ou logistique par exemple, du Conseil Régional à une action locale, mais non une appartenance à la Franche-Comté. Ce n’est pas l’utilisation de ce logo par le Conseil Régional que nous condamnons, mais l’extension de son usage, au départ clair et précis, à une entité plus large, la Franche-Comté et sa population comtoise.

Parce que ce logo n’a ni histoire, ni vécu dans lesquels les Comtois puissent se reconnaître. Vague avatar cartographique, il n’a ni chair ni âme.

Parce que spontanément, aucun Comtois ne se reconnaît dans ce logo. Il ne fait aucun doute que si les Comtois étaient consultés sur la question, c’est massivement qu’ils opteraient pour le lion.

Parce que cette délibération est le type même de la décision technocratique coupée des aspirations populaires. Elle tranche nettement avec la politique menée par une institution qui, par ailleurs, manifeste depuis des années un souci constant de promouvoir la région et d’en gérer intelligemment les potentialités.

Pour tout Comtois, choisir entre une plaque sans emblème et une plaque ornée de ce logo, c’est choisir entre rien et rien. Alors si, vraiment, le Conseil Régional souhaite donner aux Comtois la possibilité d’arborer un emblème comtois, qu’il nous rende notre lion !

Exemple de nouvelle plaque en 2008
Les couleurs du drapeau européen assorties à celles de l’emblème franc-comtois ! Quelle allure !

SIGNEZ NOTRE PETITION pour demander au Conseil Régional de revenir sur sa délibération du 19 mars 2007, et qu’à la place de ce logo sans âme, ce soit le lion comtois qui puisse figurer sur nos plaques d’immatriculation.

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