Des stagiaires de l’IUFM de Franche-Comté à Prémanon La semaine culturelle des stagiaires, exception Franc-Comtoise

, par  Karine

Découverte du Haut-Jura par le sport. Semaine orchestrée par Eric Lançon et Alain Garde, formateurs à l’IUFM de Franche Comté.

La semaine dernière avait lieu la semaine culturelle organisée par l’IUFM de Franche-Comté à l’usage de ses stagiaires du primaire comme du secondaire...

Retour sur le séjour de 24 stagiaires à Prémanon...

Eric Lançon et Alain Garde, deux professeurs d’EPS ont organisé et accompagné une découverte culturelle du Haut-Jura.

Comment peut-on mêler sport et culture me direz-vous ?

Tout naturellement en mettant à contribution les compétences de chacun des stagiaires au cours de randonnées pédestres ! Le professeur d’histoire-géographie expliquant par exemple la formation des plis jurassiens, le professeur de SVT attirant l’attention de tout un chacun sur chacune des espèces florales rencontrées et cela en mettant tous les sens à contribution !

Mais revenons-en au programme !

Mardi 10 avril, les stagiaires ont commencé par une initiation à la course d’orientation dans les dolines situées derrière l’Ecole Nationale du Ski Nordique. A la Combe Froide pour les connaisseurs...

Premier contact avec la flore jurassienne, de belles prairies encadrées d’épicéas, régulièrement coupées de murs de pierres et parsemées de crocus blancs et violets accueillent les stagiaires. La course d’orientation, outre le fait qu’elle est parfaitement réinvestissable avec des élèves (de façon aussi ludique qu’éducative) permet d’apprendre à connaître son environnement, à se repérer, en bref, à découvrir ce qui nous entoure.

Mercredi, les stagiaires ont commencé la journée par une initiation au ski de fond dans la forêt du Massacre. Découverte des sensations de glisse, des essences qui composent la forêt, du chant des oiseaux qui la peuplent.

L’après-midi, les stagiaires sont partis à l’ascension du Creux du Crou, puis du Noirmont. Au départ, ils ont observé les habitations franc-comtoises et leur typicité, notamment les toits, les greniers-forts et les murs de tavaillons. Le Creux du Crou est l’occasion de s’intéresser au passé lointain du massif et à sa formation. Le Noirmont donne vue sur la station des Rousses et c’est là, l’occasion d’évoquer les tourbières, la qualité des épicéas du Risoux. Ces derniers sont très recherchés par les luthiers car leur pousse lente permet une qualité de bois exceptionnelle. Ce massif bénéficie d’un label mondial qu’il ne partage qu’avec une autre forêt des Dolomites. Retour par la Suisse et arrêt chocolat obligatoire à la frontière ! Miam miam le Swiss Délice chocolat noir, citron-poivre !

Pour parachever cette découverte des spécificités jurassiennes, les stagiaires ont reçu ce soir-là la visite du photographe Gérard Benoît à la Guillaume. Celui-ci leur a projeté un magnifique diaporama sur le faune, la flore, l’industrie, les sports et les paysages du Haut-Jura. L’occasion pour les stagiaires d’apprendre le vie que menaient les jurassiens au temps où le clergé de Saint-Claude régnait en maître sur la région. Cette évocation historique de la vie des jurassiens est éclairante quant à son identité actuelle. Les paysans aux fermes très dispersées occupaient leurs hivers au métier de lapidaire. Les pierres précieuses étaient taillées puis vendues pour être montées.

Ensuite les lunettes, les boutons et les jouets en bois ont fait leur apparition ! Les facteurs et les contrebandiers ont été les premiers skieurs avant que les congés payés ne permettent de développer le tourisme...

Jeudi, les stagaires se sont rendus à pied depuis Prémanon au sommet de la Dôle, à 1660m d’altitude... Passage au belvédère des Dappes, puis ascension enneigée autant qu’ensoillellée ! De la neige un 12 avril ce n’est déjà pas si courant, mais redescendre la Dôle en glissant sur les fesses et en débardeur, avouez que c’est exceptionnel ! Le sommet donnant vue à la fois sur le côté Suisse et sur le côté français, il n’est pas difficile de remarquer la différence de richesse entre une région aux champs bien dessinés, aux habitations nombreuses et l’autre sauvage. Clin d’oeil aussi au pays de Gex, cette partie de Franche-Comté et de France uniquement accessible par le col de la Faucille et dont bon nombre ignore complètement l’existence...

La soirée s’est terminée au Châlet de la Frasse situé au bord des pistes de la commune de Lamoura. Ce chalet, à la fois restaurant et gîte propose les spécialités de la région : raclette au Bleu de Gex accompagnée du brési local, ou bien Mont d’Or, saucisse de Morteau, morbiflette... Hum !!! Le patron accompagne votre repas de son accordéon et monsieur L’amy, instructeur à l’ENSN, prête son cor Suisse pour le bonheur de tous.

Cette découverte de la gastronomie s’est poursuivie vendredi avec la visite guidée de la fromagerie des Moussières. Elles ne sont que quatre à fabriquer de Bleu de Gex, dont celle-ci ! Après une explication des étapes de confection du Comté et du Bleu, une séance vidéo est projetée aux visiteurs pour attirer leur attention sur la qualité des fourrages donnés aux vaches laitières et aux spécificités des AOC.

Après une explication géologique sur le résistance du calcaire jurassien aux poussées alpines, la découverte de la région et de sa cohérence naturelle et industrielle s’est poursuivie au Musée de la boissellerie de Bois d’Amont. Magnifique musée dont le guide, efficace, ne manquera pas de vous passionner en alternant démonstrations de machines, évocations historiques, caractéristiques régionales et savoureuses anecdotes. Durant cette visite vous apprendrez notamment que 90% des boîtes à fromage sont fabriquées à Bois d’Amont, lointaines ancêtres des boîtes phamaceutiques que le village vendait dans toute la France. Vous apprendrez aussi comment les jurassiens ont utilisé la force hydraulique pour scier le bois et comment les skis de fond sont fabriqués. A la fois résitant et très léger, les skis Vandel sont encore les plus performants du marché !

Finalement, cette semaine culturelle organisée par l’IUFM de Franche-Comté est exceptionnelle à bien des titres, mais surtout parce que notre IUFM est le seul en France à proposer à ses stagiaires cette activité. Or, quand on voit tout ce qu’elle permet de découvrir et toutes les possibilités de réinvestissement qu’elle offre, on a peine à croire qu’elle puisse être menacée de disparition... Chaque professeur aura également apprécié de participer à des compétitions sportives et culturelles avec des collègues d’autres matières. Quand on sait que dans les établissements les professeurs fréquentent leurs collègues en ignorant ce que leurs compétences pourraient leur apporter, on peut dire que ces activités auront été révélatrices... Comment, à présent, ne pas s’intéresser davantage aux autres matières et comment ne pas proposer des enseignements plus cohérents ?