La libération de Belfort, le 20 novembre 1944

, par  Karine
Les libérateurs, avenue Jean Jaurès le 20 novembre 1944

Retour sur les événements de l’automne 1944

 15 août 1944 : débarquement en Provence des troupes qui viendront délivrer l’Est de la France.

 début septembre : libération de Besançon.

 mi-septembre : les troupes françaises et américaines sont bloquées dans le Doubs. La logistique n’arrive pas à suivre la progression des troupes et le temps froid et surtout pluvieux n’aide pas, sans compter les mines que l’ennemi, avec ce contre-temps, a eu le temps de semer partout. À Belfort, la Gestapo française et la milice, qui sentent la fin approcher, pillent et sèment la terreur.

 13 novembre : Churchill et de Gaulle se rencontrent à Maîche. Le Premier Ministre anglais désapprouve l’idée d’attaquer par le temps qu’il fait, mais De Lattre de Tassigny poursuivra l’effort.

 17 novembre : libération d’Héricourt et de Montbéliard.

 18 novembre : ordre est donné de couper la retraite allemande en prenant les villages alsaciens de Dannemarie et de Valdieu. La prise de Belfort sera ainsi facilitée, les Allemands ne recevront pas d’aide. C’est le général Carpentier qui devra prendre la ville à l’aide de la 2e DIM (Division d’Infanterie Marocaine).

 19 novembre : les tirailleurs marocains libèrent Buc et Châlonvillars. L’objectif est de prendre le fort d’Essert et le canal du Rhône au Rhin.

 20 novembre, 7 h 30 : vingt-sept hommes menés par l’aspirant Delvigne arrivent à Cravanche. Delvigne pénètre le premier dans Belfort et dans l’usine Alsthom. Cela fait quatre ans que les Belfortains n’ont pas vu un soldat français et que le drapeau à croix gammée flotte au sommet du château.

 20 novembre, 16 h : les blindés du 6e RCA (Régiment de Chasseurs d’Afrique) contournent les fossés antichars situés à Chalonvillars. L’opération ne s’est pas faite sans mal. Le bulldozer appelé pour les combler est resté bloqué sous un pont pour cinq centimètres manquants en hauteur. Enfin, ils entrent dans Cravanche et dans Belfort. Il était temps, les soldats arrivaient à court de munitions et n’auraient plus tenu longtemps face à l’ennemi. Les chars progressent vers le centre-ville (voir notre photo en tête de page) en empruntant l’actuelle rue de la 1ère Armée Française, puis l’avenue Jean Jaurès et le faubourg des Ancêtres.

 20 novembre, 17 h : les soldats parviennent à la mairie en franchissant les ponts Carnot et Clémenceau sauvés de la destruction par un résistant FTP nommé Edmonf Auguié qui a désamorcé les charges posées en dessous. En fin de journée, si le nord-ouest et une partie du centre de Belfort sont libres, les Allemands tiennent encore la Citadelle et les forts de la Miotte et de la Justice.

 21 novembre : Les boulangers allemands sont surpris en pleine cuisson du pain ! Les soldats du 4e RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains) et les spahis marocains vont alors commencer à fouiller et investir toute la ville. La Libération de Belfort est rendue officielle par un affichage en mairie. Des combats de rue de plus en plus violents auront lieu pendant quatre jours avant que la ville ne soit complètement libérée. Le lieutenant Martin est tué dans son char, le Cornouailles, au pied de la Miotte le 21 novembre. Ce char a été transféré à la citadelle où il est encore visible.

 22 novembre : une quarantaine d’hommes du 3e Commando d’Afrique meurt dans le bois de l’Arsot (près d’Offemont) : la division est quasiment anéantie.

 Nuit du 24 au 25 novembre : les Allemands s’enfuient avant d’être encerclés.

 25 novembre : le 8e RTM prend possession du château.

En résumé :

Nous retiendrons que la trouée de Belfort était géographiquement un point difficile à prendre. Le temps et la défense organisée de l’ennemi ne jouaient pas du tout en faveur des libérateurs. C’est le courage des soldats français et africains, la stratégie et l’attaque en tenaille du général de Lattre de Tassigny qui auront raison de l’ennemi.

C’est en faisant croire à une attaque dans les Vosges et notamment à Remiremont que les Français et les Américains vont encourager les Allemands à renforcer leurs troupes dans ce secteur, rendant Belfort et Montbéliard plus faciles à reprendre.

65 ans plus tard, le convoi sort de l’avenue Jean Jaurès

La commémoration du 21 novembre 2009

Les archives municipales ont organisé une exposition photos dans les rues de Belfort pour replonger les habitants dans l’événement. Les photos ont été placées là où elles ont été prises. Il y en a donc dans toute la ville. Une légende permet de les situer dans le temps et dans l’espace.

Un défilé de véhicules et de fantassins de l’époque a eu lieu à partir de 15h depuis la rue de la 1ère Armée Française jusqu’à la mairie en passant par l’avenue Jean Jaurès, le faubourg des Ancêtres et le pont Carnot.

Dans le cortège, on pouvait voir deux chars Sherman, dont un ayant participé à la libération de Belfort, des motos dont une parachutable !, des jeeps, des Dodges, etc.

Un film a également été projeté. Une cérémonie a eu lieu au square du Souvenir au bord de la Savoureuse et du quai Vauban.

Enfin, un Te Deum a été donné en la cathédrale saint Christophe, place d’Armes.

Exposition des véhicules place d’Armes

Voir en ligne : Les chars de la liberté (documentaire BelfortTV)