Le site Peugeot de Sochaux fête ses 100 ans

, par  Mitch

Au printemps 2012, Peugeot installe de nouveaux ateliers dans la plaine de la Vouivre, au pied du Fort Lachaux.
100 ans plus tard, l’usine a pris une ampleur considérable, devenant le plus grand site industriel de France.
C’est l’occasion pour PSA de célébrer l’événement avec notamment une grande exposition, et pour nous de revenir sur ce siècle d’aventure industrielle.

Les premiers véhicules ne sont pas des voitures

En 1912, la famille Peugeot dispose d’une usine à Audincourt et décide de s’implanter à Sochaux. Elle acquiert un immense terrain sur la plaine de la Vouivre, entre Fort Lachaux et l’Allan, et y installe des premières chaînes de montage qui semblent bien modestes vu d’aujourd’hui : l’usine se compose de 3 ateliers et emploie 400 personnes. Sa vocation est alors de fabriquer des camionettes.
La 1ère guerre mondiale l’amène à produire également des obus.

En 1915, des ingénieurs sochaliens rentrent d’un séjour aux Etats-Unis avec une certitude : Peugeot doit rassembler sa production sur un même site. Le choix entre Audincourt et Sochaux se fait en faveur de ce dernier grâce à la construction d’une forge massive et à la proximité de la fonderie de Louis Peugeot.

En 1917, la famille Peugeot acquiert 200 hectares supplémentaires de terrain en prévision des futures extensions. Un atelier d’emboutissage flambant neuf permet d’accroître fortement la production.

1921 : la type 156 est la première voiture sochalienne



Il faut en effet attendre 1921 pour voir une première voiture sortir des lignes de montage de Sochaux : la type 156. Vous noterez qu’elle ne comporte pas le "0" central devenu cher à la marque ; la 1ère à l’utiliser sera la 201, produite à partir de 1926.

Peugeot 402 en situation en 1938
La seconde guerre mondiale va marquer l’usine et la ville de Sochaux.

L’outil de production, qui fabrique presque 50 000 véhicules par an, est évidemment réquisitionné par l’Allemagne. Des outils sont légèrement modifiés afin de produire des fausses ambulances pour le front russe, ainsi que des éléments de char, en parallèle des productions civiles.

La Résistance, très active dans la région, prend également de grands risques au sein de l’usine ; les sabotages visent aussi bien les véhicules fabriqués que les moyens de production.

Néanmoins, ceci ne suffit pas à rassurer le commandement des forces alliées qui décide de bombarder le site. La R.A.F. s’en chargera le 16 juillet 1943, endommageant une partie de l’usine et, hélas, une partie de la ville de Sochaux.

(voir notre article sur le bombardement de Sochaux).

Atelier de ferrage des Peugeot 203 en 1948

L’usine se relèvera assez rapidement de ses blessures : 1 an à peine après l’armistice, la 202 sort des lignes de Sochaux au rythme de plus de 1000 véhicules par mois.

Jusqu’à 40 000 salariés !

Le site de sochaux va poursuivre son expansion jusqu’à la fin des années 80. C’est alors une ville dans la ville, avec 40 000 personnes qui y travaillent quotidiennement !
C’est alors la plus grande usine d’Europe.

Une grave crise économique va briser cet élan : les bénéfices cèdent la place aux déficits, une restructuration s’impose. Les effectifs se réduisent, la fabrication s’automatise, les composants achetés aux équipementiers (dont E.C.I.A, filiale créée par PSA devenue Faurecia) se multiplient, de même que les services réalisés par des bureaux d’études extérieurs.
La 205, Peugeot mythique s’il en est, connaîtra un succès commercial mondial (plus de 5 millions de véhicules vendus en 15 ans !) qui sauvera Peugeot de la faillite, ainsi que de nombreux succès sportifs (championnat du monde des rallyes, raid Paris-Dakar...).

Néanmoins, rien ne remettra en cause le virage pris par la production automobile dans son ensemble. L’idée même de la fabrication automobile a changé.
Sochaux est devenu d’une part un site de Recherche & Développement, d’autre part un site d’assemblage (activités auxquelles il convient d’ajouter le test, par la présence toute proche du site de Belchamp).
En 2012, même si le site de Sochaux ne compte plus que 12 000 salariés, il accueille environ 3 000 intérimaires ou salariés d’entreprises extérieures et il est désormais entouré de nombreux équipementiers ou sociétés de services sont venus s’implanter dans tout le Pays de Montbéliard, restant l’un des grands moteurs de l’activité économique et de l’emploi de la région.

Les derniers événements majeurs que le site a connus ces dernières années et qui témoignent de sa permanente évolution sont :
 une nouvelle politique environnementale, matérialisée par de nombreux travaux de transformations du site (destruction de la fonderie, nouveaux ateliers de peinture et de ferrage) ;
 la fabrication de la toute première Citroën : alors que les 2 marques ont fusionné en 1976, il faut attendre la DS5, née en 2011, pour voir une Citroën sortir des lignes du berceau de la marque Peugeot.

Une grande exposition pour célébrer le centenaire

Autour du slogan « De notre histoire, nous puiserons notre force », le site de Sochaux célèbre son centenaire à travers plusieurs manifestations ouvertes à tous :
 Du 15 septembre au 15 octobre est organisée une grande rétrospective, baptisée « M14, l’Expo du siècle », composée notamment de documents photos inédits extraits d’une photothèque de plus d’un million de clichés, conservés au Centre d’Archives du Groupe de Terre Blanche : l’occasion de se pencher sur l’histoire de ce siècle vue de Sochaux, au travers de thématiques comme l’évolution des conditions de travail, la place des femmes dans l’industrie depuis 1912 ou encore la naissance et le développement d’un véhicule.
 Le 16 septembre, le site de Sochaux ouvrira ses portes au grand public pour une journée « à vélo au pays des autos ». L’occasion de découvrir avec ses enfants le site d’aujourd’hui présenté par ceux qui y travaillent, en passant dans les ateliers à vélo.
 Enfin, le 20 octobre, le film de Charlie Chaplin, « Les Temps modernes », sera projeté dans l’atelier M14, la musique étant interprétée en direct par l’orchestre philarmonique Victor Hugo Franche-Comté, en collaboration avec la Scène Nationale de Montbéliard. Une seconde soirée, le 21 octobre, sera réservée aux salariés du site.

Il existe de nombreux ouvrages relatant l’aventure Peugeot. Parmi ceux-ci, je vous conseille vivement le très beau livre "Peugeot à Sochaux. Des hommes, une usine, un territoire", écrit par Robert Belot et Pierre Lamard.
Il contient tout l’historique du site depuis ses origines jusqu’aux années 2000, avec notamment un impressionnant fond photographique.
Cet ouvrage est disponible à la boutique du Musée de l’Aventure Peugeot.

Voir en ligne : le communiqué de presse PSA

Toutes les images de l’usine sont fournies par la Direction de la Communication du Groupe PSA Peugeot-Citroën.