A

, par  Murie, Thier

 À : (prép.) À la place de la préposition de devant un complément de nom. Ex : "La sœur à la Lucienne". Pop., très usité en Franche-Comté.

 ABADER : (v. trans.)
1. Faire marcher un troupeau.
2. Faire ses premiers pas, en parlant d’un enfant.
 Étym. Anc. prov. badar : ouvrir, bâiller.

 ABLETTE : (n. f.) Personne de petite taille.
 Orig. Comp. avec le petit poisson d’eau douce.

 ABOUCHER :
1. (v. trans.) Retourner, mettre à l’envers. Ex :"Devant le mur de leur ferme, il y a toujours deux ou trois bouilles abouchées, pour qu’elles sèchent une fois rincées".
2. (v. intrans.) Tomber vers l’avant, perdre l’équilibre. Ex : "La tête me tournait, j’ai failli aboucher".
 Orig. de a- et de bouche : tomber en avant, "sur la bouche".

 ABOUCHER (S’) (v. pron.)
1. Se cacher la tête. Ex : "S’aboucher la tête dans l’oreiller".
2. Étant assis, placer sa tête sur ses avant-bras, qui reposent sur le bord de la table. Ex : "Après dîner, pour faire son midi, il ne se couchait pas ; il s’abouchait un moment sur le bord de la table".
 Var. Se mettre bouchon. Dormir sur le ventre.

 ABOUCHON. (n. employé adjectivement) : A l’envers. Ex : "Une fois rincés, on pose les verrines de confitures abouchon pour les égoutter".

 ACAILLENER : (v. tr.) Lapider. Ex : "Il saisit sa fronde et se mit à acaillener consciencieusement les adversaires" (Pergaud, La Guerre des boutons)
 Orig. de caillou.

 ACAGNARDIR (S’) : (v. pron.) Paresser au coin du feu, vivre dans le coin de la cuisine, près du feu sans travailler, comme un vieux chien inutile.
 Orig. Cagne, vieux chien. (V. ce mot).

 ACCUL, ACCULE (ÊTRE) : (loc.) Être à bout de ressources. Ex. "Maintenant qu’il avait vendu ses derniers bois, il était tout accul, et bien en peine de payer ces nouvelles traites".
 Orig. Un accul est un endroit où l’on fourre le gibier lors des battues.

 ACUCHER : (v. intr.) mettre le foin en cuchons.
 Orig. Cuchon, gros tas. (V. ce mot).

 ADIASSE. V. AGASSE.

 AFFALÉ (ÊTRE) : (v. intr. forme passive) Être écroulé. Ex : "Je me suis affalé", entendu très couramment et qui signifie : je suis tombé.

 AFFOUAGE : (n.m) Lots de bois de chauffage que les habitants des communes forestières reçoivent gratuitement après le partage des coupes annuelles (par tirage au sort).
Mot jur. fr., dont l’usage rural a survécu dans la région.
 Étym. De l’anc. fr. afoage (13e s.), du lat focus, feu, foyer.

 AFFREUX COMME : (loc.) Exclamation renforcée, qui joue en quelque sorte le rôle d’un superlatif. Ex : "Affreux comme on a rit".

 AFFUTIAUX : (n. m.) Vêtements. Ex : "Ils étaient vêtus de leurs beaux affutiaux".

 AFFUTIAULER (S’) : (v. pron.) S’habiller de manière particulière.

 AGASSE : (n. f.) Pie.
 Étym. De l’ital. gazza.
 Var. adiasse, agace.

 ÂGE (IL Y A BEL) : (loc.) Il y a longtemps.

 AICHE : (n. f.) Vaurien. Ex. : "Le p’tit à la Lucette, c’est déjà bien une aiche !"
 Étym. De l’anc. fr. eschevi (XIe s., du germ. *skalfjan) Mince, svelte d’après J.-P. COLIN. Ou de l’anc. fr. eschif, eschiu, eschi (du germ. skiuh, "farouche") : rétif, de mauvaise volonté, dédaigneux.

 AIDER À : (v. intr.) Construction dans le langage courant. Ex : "Nos gens ont eu des maux, c’est pas croyable : les enfants qui auraient pu leur aider se sont mariés" (Garneret, La Maison rurale en Franche-Comté).

 AIGE. V. AISE.

 AIGRE (Faire) : (loc.) Faire levier. Du latin acer.

 AIMER À (S’) : (v. pron.) Se plaire à. Ex : "Je ne m’aime pas à Besançon".

 AISANCES : (n. f.) Dégagement près d’une maison.

 AISE (AVOIR) : (loc.) Pouvoir aisément. Ex : "Vu sa gentillesse, on aurait aisé d’abuser de lui". À rapprocher de avoir facile.

 ALLER : (v. intr.)
1. Devenir (suivi d’un nom). Aller joue le rôle d’un verbe d’état. Ex : "Elle est allée religieuse".
2. Aller chercher, acheter, ramasser... lorsqu’aller est suivi de la préposition à et d’un nom. Ex : " Je vais au pain", "La Paulette est allée aux mûres".
3. Aller à la selle (employé absolument).
4. Aller Gendre. V. GENDRE.

 ALLUME : (n. f.) Noyau du fourneau de charbon de bois.

 ALLURER : (v. intr.) Avoir une manière spécifique de se comporter. Ex : "Qu’est-ce qu’il allure ce goinfre-là... Il n’est donc jamais content". (Pergaud, Le Roman de Miraut).
 Orig. Subst. allure.

 AMODIATION : (n. f.) Montant d’une location ou d’une cotisation (pour la chasse).

 AMODIER : (v. tr.) Louer, avoir en location.

 AN (FAIRE SON) : (loc.) Passer une année comme domestique. Ex : "Margot est montée à Paris faire son an".

 ANCELLE : (n. f.) Planchette de sapin utilisée pour la couverture des toits ou pour protéger les façades exposées au vent et à la pluie.
 Syn. Essole, Tavaillon (V. ces mots).
 Var. Anselle, essale, asselle,
 Étym. Lat. axicullus, dim. de axis. Ou altér. du lat. scandula, bardeau (J.-P. COLIN).

 ANDAIN : (n. m.) Largeur d’herbe fauchée d’un seul coup de faux.
 Orig. (Orig. obsc. (Prem. occur. dans Renaut de Montauban, ou les Quatre Fils Aymon, 13e s.) À rapprocher de l’ital. andare, aller ?) Anc. fr. andain, enjambée, ou "espace de pré, allant d’un bout à l’autre, qu’un faucheur est capable de faucher en largeur" (GREIMAS).

 ANGEOT, ANGEOTTE : (n.) Angelot. L’emploi du suffixe dim. -ot, -otte est pluri-régional, surtout dans l’Est.

 ANSELLE. V. ANCELLE.

 APPENDRE : (v. trans.) Suspendre. Ex : "Il a appendu sa veste au mur".

 APPRENDRE (QUELQU’UN) : (v. tr.) Apprendre à quelqu’un. Ex : "Au bout d’un an, elle commençait à l’apprendre à marcher".

 APRÈS : (prép.)
1. Sur : est utilisé de manière habituelle pour exprimer la proximité, l’appartenance à un ensemble. Ex : "La clé est après la serrure", "J’ai de la boue après mon pantalon".
2. Peut exprimer une action immédiate. Ex : "Geneviève se met après ses devoirs".
Emploi pluri-régional, particulièrement fréquent en Franche-Comté.

 ARIA : (n. m.) Difficulté, embarras. Ex. "Toi, tu veux encore m’amener un aria !" "Se mettre en aria" : se soucier.
 Étym. Anc. fr. harier, harceler (14e s.). De hare, haro, harou cri, d’orig. interj. (du francique *hara : cf. angl here, ici) Cf. l’expression "haro sur le baudet".

 ARMAILLER, ARMAYER : (n. m.) Garçon de ferme. Surtout utilisé dans les hautes montagnes du Jura et du pays de Vaud.
 Étym. Lat. animalia. Anc. fr. aumel (12e s.), almaille (ca. 1160, Roman de Troie) gros bétail, qui a donné almaillier, bouvier (1347 d’après GODEFROY).

 ARPIEU. V. ATTIOT.

 ARQUER : (v. intr.) Marcher à grandes enjambées. Ex. : "Jacques a tellement marché qu’il ne peut plus arquer", signifie qu’il ne peut plus marcher.
 Étym. Lat. arcus, "arc". Fr. du 16e s. narquin, agglut. de "un arquin", avec sa var. narquois, soldat archer (donc fantassin) déserteur, vagabond, mendiant. (le sens mod. de narquois, influencé par narguer, date du 18e s.)

 ARRÊTE : (adj.) Employé à la place de "arrêté". Ex : "Ma montre est arrête".

 ARRIÈRE DE (ÊTRE EN) : (loc.) Être (ou ne pas être) à la hauteur. Ex. : "Durant toute la rencontre, le Sochalien Mickaël Madar n’a cessé d’être en arrière de lui-même".

 ARTIEU. V. ATTIOT.

 ATTIGER : (v. intr.) Être atteint de, être en proie à. Ex : "Il est bien attigé de rhumatismes".
 Étym. Racine indo-eur. *tag-, toucher. Lat. attingere, toucher à.

 ATTIOT : (n. m.) Orteil. Ex : "Tu m’écrases les attiots".
 Var. Artieu, arpieu.
 Étym. Lat. articulus, articulation. Cf. peut-être aussi l’argot arpion (écrit harpion au 19e s.), main, puis pied, du prov. arpioun, griffe. Même rad. que "harpon" : anglo-norm. (Psautier de Cambridge, déb. 12e s.), du germ. *harpa.

 AUGE : (n. f.) abreuvoir en pierre ou creusé dans un tronc de sapin. Ex : "aller à l’auge " = aller chercher de l’eau.

 AUGUET : (n. m.) Petit récipient rempli d’eau pour aiguiser la faux. -Orig. Dim. de auge.

 AUSSI BIEN : (loc.) Expression explétive (qui n’est pas nécessaire au sens) usuelle, qui ponctue une phrase. Ex : "À Châlon, vous êtes vifs, aussi bien".

 AVANCER À : (v. intr.) Avoir vite fait de. Ex : "Avancer à causer".

 AVEC (VIENS) : (loc.) Expression elliptique utilisée pour "viens avec moi (nous)". Ex. "Tu viens avec ?" L’expression s’entend aussi en Alsace. (Germanisme issu de "Komm’ mit ?")

 AVEUGLOTTE (À L’) : (n. f.) Aveuglette. Terme caractéristique, par son suffixe en -otte, marque du diminutif dans l’Est de la France. Ex : "Marcher à l’aveuglotte".

 AVOINE : (n. f.) Correction, châtiment. Ex : "Tu vas recevoir une belle avoine".

 AVOINER : (v. tr.) Donner au cheval son avoine.

 AVOIR : (v. auxiliaire)
Utilisé à la place de l’auxiliaire être dans les temps composés du passé. Ex : " Elle a tombé", "Il a resté".
Le syntagme avoir besoin est suivi d’un verbe d’action à l’infinitif au lieu d’une forme passive. Ex : "La cheminée a besoin de refaire", "Les carreaux ont besoin de laver".