La pêche à la grenouille

, par  Jean-Louis

Il était deux amis qui par un beau matin
De cuisses de grenouilles voulaient faire un festin.
L’un avait de leur pêche, une pratique certaine
L’autre théorisait sur la gent batracienne.

« Cette pêche, disait-il, est un sport très facile
Vous prenez une canne, un hameçon et un fil
N’oubliez pas vos bottes, ainsi qu’un sac de jute
Pour y mettre vos prises gagnées de haute lutte.

Pour attirer la bête, un bout de chiffon rouge,
Cherchez au bord de l’eau, un coin où rien ne bouge
. »
Il avise les roseaux pour lancer son appât,
Pas de chance, c’est trop court, il avance donc d’un pas.

A la deuxième fois, il sera plus précis
Ce n’est pas vraiment mal, mais il a un souci
Car il laisse une botte dans le fond trop vaseux
Pour la récupérer, il n’est pas très chanceux.

Pour la troisième fois, il doit recommencer
Avec application, il fait un beau lancer
Visant les nénuphars, mais perd son hameçon
Qui jeté en arrière, s’accroche au caleçon.

En tentant la suivante, il semble fort à l’aise,
Mais oublie que mouillée, on glisse sur la glaise.
C’est au cinquième essai que le fil s’est cassé
Et que les batraciens se mirent à coasser.

Après, ce fut le fil qui se mit en pelote,
Et puis un bel orage qui remplit d’eau ses bottes !
La perte du chiffon, ce fut à la huitième,
Un plongeon dans l’étang couronna la neuvième.

Pour la dixième fois, il poursuit l’aventure
Qui tourne cette fois, à la déconfiture.
C’est au trentième essai, qu’une grenouille suicidaire
Se vit, la malheureuse, crochetée par derrière.

Après ces épisodes, notre expert, pas peu fier
L’arbore à sa ceinture comme prise de guerre.
A côté des cent vingt que ramène son copain
C’est vrai que ça fait peu, pour ne pas dire mesquin


Moralité :
Un discours théorique
Ne vaut rien sans pratique,
Une bonne intelligence
Se nourrit d’expériences.