Comte Hilaire de CHARDONNET Inventeur de la soie artificielle

Né à Besançon le 1er mai 1839, en l’ancien Hôtel Bruchon, décédé en 1924.

Le jeune Hilaire de Chardonnet est issu d’une famille de robe. Un de ses ancêtres, Pierre Bernico, fut deux fois échevin de la ville de Lyon, en 1606 et en 1634. Son arrière-grand-père, juge grenetier à Charolles, lieutenant au bailliage de Chalon-sur-Saône, fut député du Tiers Etat aux Etats Généraux de 1789 et prêta le serment du Jeu de Paume. Son père, ancien sus-préfet de Prades sous la Restauration, fut son premier éducateur et Charles Person, fondateur de la faculté des sciences de Besançon, fut celui de ses professeurs dont il garda le meilleur souvenir.

Admis à l’Ecole polytechnique en 1859, sans préparation spéciale, Hilaire de Chardonnet surpris ses camarades bisontins et étonna l’entourage de sa famille. En 1861, il manifesta sa volonté de ne pas servir l’Empire et, la grave question du serment lui ayant fait donner sa démission, il sortit de l’école comme ingénieur des ponts et chaussées.

Nommé peu de temps après gentilhomme du comte de Chambord, il le suivit en exil à la petite cour de Frosdorff, en Autriche.
Royaliste sincère, Hilaire de Chardonnet prit une part active aux derniers événements carliste de 1872 à 1876. Il défendit la "cause légitime" de toute son âme, de tout son coeur. Combattant désintéressé, la lecture de ses Souvenirs de la guerre carliste nous le montre comme un franc lutteur portant en lui un idéal auquel il obéit.

Après la mort, en 1883, du comte de Chambord, Hilaire de Chardonnet s’éloigna de la politique, cherchant à oublier les désillusions qu’elle lui avait apportées en échange de son dévouement. Dès lors, il s’occupa plus complètement des questions scientifiques auxquelles, depuis de longues années déjà, il consacrait la plus grande partie de son temps.
Neveu de Henri de Ruoltz par son mariage avec Marie-Antoine-Camille de Ruoltz-Montchal, il suivit l’exemple de son oncle en créant dans sa maison de Besançon, place de l’Etat-Major, un important laboratoire. Le labeur de cet homme célèbre eut de nombreuses ramifications dans le vaste domaine des sciences mathématiques, physiques et chimiques. Il aborda les problèmes les plus divers avec la même lucidité d’esprit, et les solutionna presque tous avec la même hardiesse.

Le chef-d’oeuvre de sa longue carrière de chercheur inlassable a été l’invention de la soie artificielle. Il y consacra trente ans de sa vie !
Chargé d’une étude sur la sériciculture de notre pays, à un moment où la maladie frappait encore le ver à soie et mettait notre industrie en péril, il se pencha avec ses yeux de naturaliste, de physicien et de philosophe, sur le précieux insecte. Il eut l’idée d’essayer de reproduire en laboratoire, puis dans l’industrie, une des créations les plus délicates de la nature.
Il tenta d’étirer les fils d’une soie artificielle à l’aide du collodion filtré et injecté dans des tubes capillaires ou filières. Par une suite d’opérations, simples en apparence mais hérissées de difficultés, il réussissait, en 1884, à créer une industrie nouvelle.

Homme libre et indépendant, Hilaire de Chardonnet séduisait par sa franchise et sa bonté. Son unique désir fut d’être utile aux siens et à ses concitoyens.
Il était membre de l’Académie des Sciences, de l’Académie de Besançon et de la Société d’Emulation du Doubs.