Billy FUMEY - Utinam

, par  Mitch

Début 2012, Billy FUMEY sort son 1er album intitulé "Utinam".

Selon ses propres termes, il s’agit de "riôle franc-comtoise et militante" : voilà qui mérite quelques explications, n’est-ce pas ?

Je vous souhaite une bonne lecture et, surtout, une bonne écoute !

L’album

Une mélodie douce, une belle voix... Utinam est plaisant dès la première écoute. La musique est simple, inutile d’en faire trop : avec Billy à la guitare et son ami Brice Gimilio (chanteur/guitariste du groupe rock The Blandest, qui est venu lui prêter main forte pour l’occasion) aux percussions, elle laisse toute la place aux paroles.

Avec sa guitare acoustique et ses textes à la fois poétiques et engagés, Billy nous ramène quelques décennies en arrière, à l’époque du "folk revival" des Joan Baez et autres Pete Seeger.
Mais ici, pas question de raconter l’Ouest américain, que nenni ! Le titre lui-même donne le ton : Utinam ("plaise à Dieu", la devise de Besançon) chante la Franche-Comté. Billy chante sa passion pour sa région.

Il chante son histoire, parfois oubliée du plus grand nombre, comme dans Ma belle capitale où il rend hommage à la ville de Dole : "capitale de Franche-Comté, dans mon cœur tu es restée", combien s’en souviennent encore ?
Il chante aussi, non sans un certain humour, sa Fée verte ensorcelante ("dans tes bras je deviens fous") ou encore un clin d’œil à Gustave Courbet (Un enchantement à Ornans).

"Le répertoire musical comtois est d’une richesse exceptionnelle, il est l’expression ancestrale de notre identité et de son évolution, mais nous l’avons oublié. Je ne saurais expliquer pourquoi j’y ai été plus sensible que d’autres, la curiosité peut-être ?
Dans tout les cas, certains évènements de ces dernières années (les commémorations de l’année Vauban, les plaques d’immatriculations) que j’ai trouvés absurdes et insultants par rapport à l’histoire de la Franche-Comté et sa mémoire m’ont motivé à m’investir dans la préservation, la modernisation et le partage de notre culture
".
Voilà qui est dit.

Petit extrait d’Utinam : Ma Belfortaine.

Une démarche originale : valoriser les langues minoritaires

En concert, Billy ne sépare pas de son drapeau comtois.

Ce qui rend cet album vraiment exceptionnel, c’est que Billy chante aussi dans la langue de la région !
Ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas ici du patois du coin ! Certains morceaux, comme Tot Béloma ou Au sommet du Poupet / U t-sus d’Poupet, allient le français à l’arpitan, la langue qui devait être parlée à l’origine sur tout le territoire comtois.

On est loin de la Star Ac’ et autres machines à fric qui, sans vouloir renier leur utilité pour la chanson française et le talent de leurs acteurs, servent le business avant tout. Ici, la démarche de Billy est toute différente, bien plus généreuse : "les gens aujourd’hui cherchent de l’authenticité, s’accrochent à leurs racines, je veux leur donner l’occasion d’en découvrir les richesses et surtout de les partager. Ce n’est pas seulement ma musique, mais aussi celle des franc-comtois et de ceux qui s’y sentent attachés".

Dès lors, Utinam ne s’écoute pas comme n’importe quel autre album. Il s’écoute avec le cœur, avec les racines. L’oreille est à l’écoute des mots comme l’œil est attentif lorsqu’on visite tel ou tel trésor de notre patrimoine.

Et ce premier album en appelle un second, que Billy a déjà en tête : "je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin et j’ai des projets plein la tête ; d’ailleurs un premier clip devrait voir le jour cet été".

Plaise à Dieu que Billy nous offre un second volume de riôles franc-comtoises.
Il y a tant de choses à raconter et (donc) à chanter.