rue des fosses.

, par  le riolu

Rue des Fosses
Le poutyu du Tsankrou

Dans le cani (café), juste à coté du dérobe vin (trappe menant au cellier), la cagne (prostituée) du village était abouclée (accoudé solidement) au comptoir en train de cauvana (vider) un baquot (cépage rouge) un peu fier (acide), qu’on aurait dit une relavure (eau de vaisselle). “Las moi" (là moi : hélas, pauvre de moi) disait-elle, “les requillous (jeunes garçons qui redressaient les quilles) du pays ne savent plus gauillarder (courir le cotillon), je suis arrête (en cessation de travail) depuis un mois. Ils savent plus que boquer (embrasser) leur blonde (amoureuse). ”


Le Tsankrou (ou tsancre : diable) ne manque jamais une miette des conversations même les plus iodotes (idiotes). Il propose à cette cancouaille (femme bavarde) un marché : "je t’enverrai tous les saonois de sexe mâle mais je prendrai l’âme du premier garçon qui se présentera chez toi". Le lendemain, vêtue de tréli (tissu léger), aspergée de sentibon (parfum), la vouerie (femme de mauvaise vie) n’attendit pas longtemps avant d’entendre toquer (heurter, frapper à la porte) et voir la ticlette (tiquelet ou tiquelette : poignée de porte) tourner. Entra alors, le plus innocent des bouèbe (petit enfant) tout juste sorti du bré (berceau) pour lui porter son maillet (litre) de rouge.
De rage le Tsankr frappa du pied, tant (si) bien qu’il s’enfonça dans le sol qu’on appelle cet endroit : Le poutu (trou) du Tsankrou, ou les fosses du diable et qu’il ne fait pas bon troler (traîner) par là.

Le riolu