l’oeil de boeuf

, par  le riolu

L’Oeil de boeuf

Le boeuf rencontra au sortir du ravin le sanglier (sandya). Tous deux pleuraient leur michotte (se plaignaient), l’un d’une vie trop tranquille, l’autre d’une vie toujours dérangée par les chasseurs et les braconniers. Tous deux décidèrent d’échanger leurs vies.
Ainsi fut fait, non sans sourciller de part et d’autre, car il n’est pas facile de changer de peau comme cela. Essayez, vous verrez ! Le boeuf s’en alla par les pré-bois (espace intermédiaire entre pré et bois) par les tchampaignes (plaine unie), les gouillasses (flaques de boue), les margouilles (flaques d’eau), et les fontenis (endroits marécageux).

A la pique (début) tout allait bien pour le sanglier, il mangeait à sa faim, se vautrait dans le matras (fumier), mais se faire conduire par un enfant dans des trages, entre les murgers et ne pas sortir des prairies, ça, non alors ! Où était sa liberté ?
A la piquette (début) tout allait bien pour le boeuf, mais décrotter (déterrer) des racines alors qu’il pouvait exister une si belle herbe verte, devoir fuir sans cesse les chasseurs, les calandaus (mauvais chasseurs) et vivre le ventre creux, ça non alors ! Où était sa tranquillité ?

Au bout d’un an, ils se donnèrent rendez vous à la perte, par une nuit sans lune. Ils changèrent ensemble de peau, mais le coassement d’un bot (crapaud), les effraya tant que (à tel point que) l’un d’eux tomba dans le poutiu (trou), que l’autre enfila une peau au hasard et disparut.
Allez voir cette perte, vous pourrez voir dans la petite flaque au fond, quand la lune est pleine, un oeil tout rond qui vous regarde. Sanglier ou boeuf ? Qui sait ?

Le riolu