Foussemagne (90) : pas d’église, mais une synagogue

, par  Mitch

Ce village frontalier avec l’Alsace possède un patrimoine étonnament riche pour sa petite taille.

Foussemagne est le village natal de Ludovic Oscar Frossard, ministre de Léon Blum sous le Front Populaire, et dont le fils André Frossard sera académicien.

Foussemagne est également connu pour être le seul village de France à posséder une synagogue mais pas d’église.

Synagogue de Foussemagne

La présence d’une communauté juive à Foussemagne remonte au XVIème siècle. Louis XIV, après avoir rattaché l’Alsace au royaume de France, leur accorde sa protection ; Belfort étant trop catholique, c’est à Foussemagne qu’ils s’installent.

Au milieu du XIXème siècle, un tiers des 400 habitants de Foussemagne sont juifs. Une synagogue est construite avec une maison d’école.
Saccagée pendant la seconde guerre mondiale, elle ne sera jamais rénovée, mais sera vendue afin de restaurer celle de Belfort.


Blason de Foussemagne

L’héritage des Reinach

L’histoire connue de Foussemagne remonte au XIème siècle. L’histoire du village est très liée à celle du village voisin de Montreux-Château, dont les nobles possèdent Foussemagne.
Lorsque leur lignée s’éteint au XVème siècle, c’est la famille Reinach qui leur succède. Le blason du village, représentant un aigle bicéphale d’argent sur fond de gueules, est celui de la famille Reinach-Foussemagne.

Ancien château Reinach

Le village restera la propriété de cette famille jusqu’à la Révolution. Ils s’y firent construire un château, vraisemblablement au XVIIème siècle, qui est encore occupé de nos jours.
Dans la même période, le baron François Guillaume de Reinach fait construire une chapelle à côté de son château, dont elle est une dépendance.

Le baron choisît lui-même le chapelain : "lorsque Foussemagne aurait un fils capable et de bonne vie, prêtre, il serait préféré à tous les autres". En retour, celui-ci devait célébrer trois messes par semaine en l’honneur des fondateurs.

Cette chapelle Sainte-Anne est tombée en ruine à la Révolution. La commune, après avoir racheté le terrain, l’a reconstruite au début du XIXème siècle.

L’héritage militaire de Foussemagne

Le début du XIXème siècle est marqué par les guerres napoléonniennes.
Quelques jours après la défaite de Waterloo, le général Lecourbe commande la place de Belfort, résiste difficilement aux autrichiens et se replie peu à peu. Le général Abbe le rejoint avec l’avant-garde française et ils reprennent Foussemagne à l’issue d’un combat meurtrier.
Côté autrichien, le capitaine Baron de Maldiny tombe lors de ce combat. 3 ans plus tard, son fils fait élever une stèle en son honneur, à l’endroit même où il fut tué. On peut y lire (dans sa langue natale) "ici le 1er Juillet 1815 est mort pour son prince et sa patrie, le capitaine impérial autrichien, baron de Maldiny, du régiment d’infanterie Baron de Kotulinsky n° 41. Son fils, lieutenant au même régiment, fit érigé cette stèle en sa mémoire".

Toujours côté militaire, Foussemagne a vu naître le 11 avril 1842 Lazare Dukass, qui fut cavalier au 1er régiment des chasseurs d’Afrique.
Une plaque lui rend hommage sur la façade de sa maison natale.

A l’issue de la guerre de 1870-1871, la France perd l’Alsace et la Lorraine mais conserve le Territoire de Belfort grâce à la résistance acharnée de Denfert-Rochereau. Une nouvelle frontière est tracée ; celle-ci va séparer Foussemagne du village voisin de Chavannes-sur-l’étang, et on trouve encore aujourd’hui certaines des anciennes bornes plantées à cette occasion, ainsi qu’un poste-frontière désormais transformé en bar.

Pont d’Arromanches

Plus proche de nous : le débarquement du 6 juin 1944. "Mais c’était en Normandie !", me direz-vous. En effet, mais parmi tous les ponts utilisés lors du D-Day, près de 200 ont été offerts à la France par le gouvernement britanique, et l’un d’entre a été installé d’abord à Bourogne sur la Bourbeuse, puis à Foussemagne sur la Saint-Nicolas en 1952.

Un village verdoyant

Etang (gelé) de la Marnière

Avec seulement 600 habitants, Foussemagne est un petit village, la nature y est omni-présente : les étangs sont nombreux, jusqu’au coeur même de la commune,

Il y a même plusieurs fermes et leurs basses-cours dans le village, l’occasion de croiser des coqs très fiers et de toute beauté. ;-)

Une randonnée fait le tour du village et de l’étang de la Marnière, vous permettant de découvrir agréablement tout ce patrimoine.