Sur les traces des anciens moulins au fil du Doubs (25/CH) De Goumois à La Goule

, par  Eustache

Au départ du stade nautique des Seignottes, cette randonnée tranquille au fil de l’eau nous fera découvrir qu’au fond de cette vallée redevenue sauvage, toute une société s’était établie, exploitant la force motrice de la rivière.

Balisage jaune et bleu en France, jaune en Suisse

Carte IGN TOP25 n° 3623 OT

Dénivelée estimée : 230 m
Temps horaire estimé : 4 à 5 h
Kilométrage estimé : 12 km

Des Seignottes au Bief d’Étoz

Partant du fond du parking des Seignottes, le sentier remonte le long de la rivière, surplombant à peine le niveau de l’eau. Puis on prend un peu d’altitude pour franchir l’obstacle formé par le rocher du Theusseret.
De retour sur les bords de la rivière, on profitera de quelques uns des accès à de petites plages sous les frondaisons pour jouer à cache cache avec les poissons ou profiter de la sérénité du calme plan d’eau...

Bientôt, une petite échelle métallique permet de nous hisser plus facilement sur un ressaut rocheux. De sa plate-forme, on serait bien tenté de plonger dans la petite crique qu’il abrite.
On peut suivre le ballet d’énormes ombres communs qui se faufilent au milieu des nénuphars...

Puis le courant se fait un peu plus rapide et sonore. Bientôt, une petite montée nous déposera à "la Place à Charbon", sur une large route forestière. Une table de pique-nique peut être l’occasion d’une petite pause, et un abri (avec fourneau !) peut accueillir un ou deux randonneurs au long cours pour une escale...

Cheminant le long de la piste forestière, un bruit de fond de moteur attire bientôt l’attention : c’est l’usine électrique Suisse de "la Goule" que l’on découvre en contre bas.

Mais un écho de cascade incite à faire un écart pour aller la débusquer sur la droite du chemin.
Un site étonnant se dévoile : on est manifestement en présence d’un vestige de grotte effondrée. Les parois du cirque rocheux dans lequel tombe la cascade est fait d’avéoles garnies de vieilles stalagtites érodées. Tombée du rebord de la falaise, la chute est amortie par un joli cône de concétions avant de se laisser aller dans une vasque verte et de s’échapper par la porte rocheuse...

Encore une centaine de mètres, et nous rejoignons une petite route goudronnée.

Le Bief d’Étoz, village abandonné

La chapelle du Bief d’Étoz

Au carrefour se dresse une chapelle.

La Chapelle du Bief d’Étoz dédiée à la Vierge est construite en 1692 par Messire Jacques Rondot. Alors qu’il descendait le chemin très pentu qui venait de Charmauvillers, il fut désarçonné et jeté violemment sur un rocher appelé depuis "le Saut de Messipierre" . Sérieusement blessé, il fit le voeu d’ériger un sanctuaire à la Vierge s’il guérissait...

En 1356, la falaise surplombant le Doubs s’est écroulée à la suite d’un important séïsme qui détruisit la ville de Bâle. Le cours de la rivière s’en est ainsi trouvé modifié, créant un goulet et des rapides favorables à l’établissement des moulins du Bief d’Étoz.

Sur les rives du Doubs, s’élevait à cet endroit un ensemble de bâtiments de taillanderie, meunerie, scierie, huilerie... sous l’impulsion de la famille Rondot, installée depuis 1613.
L’avénement de l’électricité, l’éloignement des grandes voies de communication, la crue exceptionnelle de 1910 qui emporta une partie des bâtiments, eurent raison de ce hameau naguère florissant...
Auge de trempe de taillandier

Pour accéder aux ruines (aller et retour) de ce hameau disparu, il suffit de descendre le sentier qui fait face à la chapelle : malgré l’avertissement indiquant un "chemin privé", il est parfaitement autorisé et entretenu par "la Société des Sentiers du Doubs" qui a contribué à la remise en valeur du site. Arrivés au bord de la rivière, le chaos cyclopéen nous offre un spectacle grandiose pour peu qu’on aille jusqu’au bout de l’allée dallée.

De retour sur la route, on la continue sur quelques centaines de mètres avant de bifurquer à nouveau dans la forêt, à gauche. Le sentier se faufile à travers un autre chaos rocheux témoin du fameux séïsme de 1356. Bientôt, on débouche sur le hameau de la Goule où l’on passera en Suisse par un vieux pont métallique. En amont, la retenue d’eau qui alimente l’usine électrique, en aval, le goulet.

Retour sur Goumois

barrage et rocher du Theusseret

Le retour par le sentier côté Suisse (balisage jaune) n’offrira que le loisir d’avoir un autre point de vue sur quelques coins repérés à l’aller...
Le large sentier quasiment sans "embûches" ni dénivellation bien marquée m’a paru bien monotone jusqu’à l’auberge du "Vieux Moulin" du Theusseret où il est possible de se désaltérer ou déjeuner.

Sur le site du Theusseret fonctionnait un important moulin, constitué d’une scierie et une meunerie. On y extrayait également le tuf de la carrière jouxtant la maison, pour la construction des cheminées.
les rapides du stade nautique

Après quelques centaines de mètres, on quittera la route d’accès au Theusseret pour passer par la rive Suisse du stade nautique. On longera la berge où sont plantés les poteaux d’arrimage des fils tendus au-dessus des remous. Ceux-ci permettent la mise en place des portes de slalom pour les entraînements et les compétitions de kayak.

Profitant de la force motrice de ces rapides, le "moulin de Sous-le-Château" (de Franquemont) était établi ici. Il en reste quelques vestiges que nous traversons avant de remonter sur le chemin, en face du poste d’arrivée des courses.

Il reste à rejoindre Goumois par la route et traverser le pont frontalier. Encore un peu de route départementale, puis celle, plus petite, qui nous ramène au parking des Seignottes.

face aux vestiges du moulin

Sur le trajet, les panneaux didactiques "sur les pas de JJ. Rousseau" nous proposent de lire dans le paysage, l’histoire du pays.

Il ne faudra pas rater le sentier qui redescend vers la rivière, juste au niveau du poste d’arrivée des courses : un panneau fait pour être lu en remontant marque le "début" du sentier. Juste en face, les vestiges du mur du moulin de Sous-le-Château.

Quelques centaines de mètres plus tard, la boucle est bouclée...