Aux Sources de la Saine (39)

, par  Eustache

Au départ de Foncine le Haut, voici une randonnée familiale qui permet de découvrir quelques unes des curiosités géologiques méconnues de la région...
On pourra stationner sur l’une des places du village, à côté de la mairie ou à proximité des commerces (fontaine couverte).

Distance estimée : 11 km
Dénivelé cumulé montant : 300 m
Temps estimé : 4 à 5h
Numéro carte IGN Randonnée 1:25000 : 3326 ET

Remontée aux sources de la Saine

Depuis le centre du village, nous empruntons la petite route qui monte jusque "chez Vallet" en passant derrière l’imposant clocher.
D’abord sous le couvert d’une double haie puis à travers les pâtures, nous montons tranquillement en direction de cette échancrure qui se dessine au flanc de la montagne du Bayard.
C’est du haut d’un promontoire que l’on découvre le cirque rocheux : falaise irrégulière et fissurée au pied de laquelle se déverse un large cône d’éboulis.
C’est dans ces éboulis qu’un flot bouillonnant surgit de nulle part !
Étrange source, qui ne correspond pas à ce que l’on connaît des autres résurgences jurassiennes...

Nous descendons sur les rives du torrent, où un panneau d’interprétation nous éclaire sur l’origine de la source.

La source de la Saine ou les mystères hydrogéologies dans le système karstique : Il est arrivé, au grand étonnement des Fonciniers, qu’un violent orage éclatant sur la montagne sur l’autre versant de la vallée, provoque la montée rapide de la source de la Saine alors que le Bois du Cros qui la surplombe n’avait pas subi de pluies...
Explication : Le Mont Noir et le Bayard, de part et d’autre de la vallée de Foncine, sont les points hauts de la même couche de calcaire posée sur une couche de marnes imperméables. Cette strate, par les déformations et l’érosion qu’elle a subies, est un vaste réseau de fissures, galeries et cavités souterraines. C’est par un jeu de siphons, que l’eau en trop plein peut ressortir sur ce versant.

Un peu plus haut, le "Trou de la Fenêtre" forme une source exutoire temporaire.

Sur la montagne du Bayard

Nous retournons sur nos pas sur 300 mètres avant de bifurquer, au point 905, en direction du Bayard (balisage blanc et rouge).
Le sentier s’élève à travers les pâtures avant de rejoindre la lisière de la forêt.
Parmi les affleurements de calcaire, la pelouse d’alpage nous offre régulièrement d’agréables bouffées odorantes de serpolet.
La vallée s’offre à notre regard, de la Roche Blanche de Châtelblanc, au clocher en flèche du Lac-des-Rouge-Truites.
A nos pieds, Foncine-le-Haut, et barrant l’horizon au sud-est, le Mont Noir.

Le sentier redescend au niveau de la ferme équestre "Sous le Bayard" avant de nous canaliser entre deux rives de calcaire : deux strates qui ont mieux résisté à l’érosion que celle du chemin creux appelé "Vie Romaine", que nous empruntons.

Aux abords du lotissement perché des Bayard, nous remontons en forêt jusqu’au sentier botanique pour déboucher sur la petite route qui mène au Paradis (si, si !!)

La Roche Fendue, les Marnes et le Rocher du Couillou

Depuis le col du Bayard, le balisage (jaune + logo spécifique) nous engage à suivre l’itinéraire de la Roche Fendue : une large piste forestière, bientôt sentier, nous y conduit en quelques minutes.

Large et profonde brèche entre la roche du mont et une mince lame de calcaire dressée à la verticale, la Roche Fendue est le résultat de millions d’années de bouleversements géologiques et de l’érosion....

Les strates horizontales formées au fond des mers sont composées alternativement de marnes et de bancs de calcaire.
Lors du plissement de la chaîne jurassienne, les forces de poussée les ont soulevées, déformées et érodées. Certaines de ces strates ont été dressées jusqu’à la verticale. L’érosion en a emporté les marnes plus tendres et dégagé la lame de calcaire.

Contournant la brèche, nous avançons encore d’une trentaine de mètres jusqu’au belvédère que l’on aperçoit entre les arbres...

Un panorama tant inattendu qu’impressionnant se dévoile : sur le flanc adret du Ravin des Arboux, un large cône de marnes grises se déploie, tel une étole plissée négligemment abandonnée en pleine nature !

L’érosion a dégagé au flanc de ce vallon, une coupe de marnes grises de plus de 100 mètres de hauteur.

À chaque averse, le ruissellement emporte l’argile, creusant de nombreuses ravines.

Les minces strates de calcaire intercalées entre les larges bancs de marnes résitent cependant plus longtemps à l’érosion.

Au delà de cet étonnant vallon, le regard porte sur la vallée d’Entre-Deux-Monts, Chaux-des-Crotenay, et tout au fond, dernier plissement occidental de la chaîne jurassienne, la Côte de l’Heute.

Nous rebroussons chemin sur une cinquantaine de mètres pour enjamber une large cuvette, probable "strate tendre", avant de remonter sur la crête boisée de la Côte Bayard.
Nous cheminons un moment sur des pelouses riches d’une flore appréciée des papillons : Belle Dame, Grand Nacré, Demi-Deuil, Gazé, Apollon, Zygène...

Le sentier replonge en forêt et nous amène au Rocher du Couillou : le belvédère nous permet d’apprécier la continuité géologique d’un anticlinal érodé, des Entre-Côtes, sous l’antenne du Bulay à droite, jusqu’à Entre-Deux-Monts, à gauche.

Puis la route nous redescend tranquillement jusqu’au hameau des Ruines.

Retour sur Foncine

Au hameau des Ruines, le balisage (trait jaune) nous propose de suivre le chemin de St-Roch pour rentrer à Foncine : le large chemin agricole nous dépose en quelques centaines de mètres, au bord des pâtures.


Après le passage d’un tourniquet, l’itinéraire devient incertain. Il faut alors viser à 150° l’abreuvoir qui trône sur une butte, et de là, à 130° la barrière en contre-bas, pour rattraper le chemin qui descend vers "la Chevry".
A la bifurcation, nous remontons vers la chapelle St Roch en suivant le tracé de la "Tram’jurasienne".
Surplombant la départementale et le cours de la Saine, on peut embrasser une grande partie du parcours que l’on vient de réaliser.

Après la chapelle St-Roch, érigée en 1669 après la dernière grande épidémie de peste, nous abordons Foncine par le Bas de la Ville, traversons la D 437 au niveau du "Moulin Choudet" (gendarmerie et scierie).
Nous remontons le cours de la rivière par le sentier des "Isles", et bientôt une passerelle nous dépose à proximité des parkings du centre du village...

Randonnée effectuée le 6 juillet avec Benoît, Ilona, Claudine,
puis le 7 juillet avec la participation de Karine, pour un reportage d’Isabelle Brunnarius sur France3 BFC