rue de l’Amitié

, par  le riolu

Priez sainte Bessue.

Rue de l’Amitié

Une inimitié contagieuse exerçait ses ravages dans la population de cette riote (rue). Une infirmité les chagrinait, qui leur faisait reporter leur rancoeur sur tous les voisins. Tous ces gens avaient un défaut dont ils avaient grand honte. Leur derrière était tout rond. Ce qui faisait qu’ils ne pouvaient ni se coucher, ni s’asseoir sans tomber de leur chaise. Vous comprenez pourquoi l’on dit maintenant : Il serait séant...

Leur acrimonie allait grandissant jusqu’au jour ou un mouton noir, une grignette (enfant très menue) beuzonne (ahurie, silencieuse) alla prier Sainte Bessue. Elle seule connaissait l’histoire de cette sainte que je vous riolerai un autre jour. A force de prières, cette sainte lui apparut, et lui demanda ce qu’elle voulait. La petiotte (petite) beuzenette (simplette) lui demanda qu’il y ait un peu moins de méchanceté autour de chez elle. Après avoir réflèchi trois fois trois jours et trois fois trois nuits elle décida de leur fixer un boutacul (tabouret à un pied servant à traire) cela arrangea la situation quand il fallait s’asseoir. Mais la nuit était emplie de vociférations.

La reveuillée (matin) voyait sortir les gens couverts de bleus et des poches sous les yeux. La botette (enfant) retourna prier sainte Bessue. Trois fois trente trois jours et trois fois trente trois nuits plus tard tous les habitants de la rue étaient bessus (fendus en deux). Et pour la première fois on entendit rire et ronfler.
Et tous d’un commun accord, décidèrent d’appeler leur rue de ce sentiment jusqu’alors inconnu : l’Amitié.

Le riolu

N.D.l.r. : Le quartier de l’amitié a été construit pour loger rapidement des familles, après la guerre. Il a été entièrement rénové.