Les fusillées de Présentevillers

, par  Marc

Présentevillers, petite localité située à 5 km à l’ouest de Montbéliard, se trouve elle aussi atteinte par la cruauté nazie.

La stabilisation du front donne l’opportunité aux Allemands de renforcer leurs éléments de défense.
Comme cela à déjà été décrit pour Montenois, tous les hommes valides de 18 à 60 ans sont réquisitionnés pour construire des défenses pour l’armée occupante. Ils fabriquent des tranchées, des épaulements ou des abris pour les armes automatiques, abattent des arbres afin de barrer chemins et routes, dressent en continu des barbelés sur l’ensemble du front… Sur l’arrière, des explosifs sont fixés sur les arbres pour qu’à la moindre alerte ceux-ci bloquent la route ou le chemin qu’ils bordent.

De part et d’autre des positions s’étendent des champs de mines. Chaque nuit, des centaines de caisses de mines sont déposées devant l’école du village par de nombreux camions. Il s’en entassera jusqu’au toit de l’immeuble !
Un réseau de mines presque continu empêchera l’accès à celui de barbelés. Un champ de mines s’étend de Sainte-Marie à Présentevillers et se prolonge jusqu’à Bavans en passant par la forêt du Mont-Bart.

Les habitants requis de Présentevillers, encadrés par un soldat allemand d’origine lorraine, sont envoyés sur des chantiers éloignés à Bart ou à Semondans, et ce sont les requis de Semondans qui exécutent les travaux à Présentevillers.
Tous les jours, et par tous les temps, le rassemblement a lieu à 7 h.


Le 28 octobre 1944, comme chaque jour, les hommes se rassemblent, mais des S.S. étaient arrivés dans la nuit précédente et gardaient toutes les issues du village.
Leur gardien est absent (il aurait déserté vers Semondans). Le temps passe mais rien ne bouge jusqu’à ce qu’un jeune soldat allemand d’à peine 18 ans leur intime l’ordre de rentrer chez eux avec un air narquois.

Anxieux, chacun rentre chez soi. Henri Barbier dit à son frère Fredy : « ça sent le roussi, tu devrais te tailler ».
Certains se sont cachés dans les maisons du village, seuls quelques-uns se glissent entre les mailles du filet, rejoignent les positions françaises avec les renseignements sur les défenses allemandes et se proposent de servir de guide le jour de l’offensive finale.

Les S.S. accompagnés de la Gestapo et de la milice parcourent le village avec une liste et se présentent dans certaines maisons pour arrêter « les terroristes » et les conduire à la mairie sous bonne escorte. L’anxiété du début de journée n’était pas vaine.
La Gestapo était accompagnée par un jeune français qui avait tenté au cours de l’été de se faire embaucher comme commis de culture sur le village. Il se prétendait ancien maquisard du Vercors mais était plutôt le fils d’un habitant d’Etobon, fin tireur au sein de la Résistance. Au début octobre, il avait quitté le village pour se réfugier en Suisse. Il avait du être arrêté avant son passage à la frontière et la Gestapo l’avait amené dans l’espoir d’en tirer quelques autres renseignements.

A la mairie, les hommes recherchés sont soumis à un interrogatoire atroce de barbarie, tous les supplices sont bons pour obtenir des aveux. C’est encore pire pour le jeune homme à qui l’on demande de reconnaître ses complices « terroristes ».

Seuls Frédéric Barbier (arrêté par suite d’homonymies) et un espagnol furent relâchés, les quatorze autres sont emmenés par camion à la sortie du village en direction de Dung pour y être fusillés au lieu-dit « le trou de marne ».

Dans l’après-midi, les Allemands préviennent les familles et les obligent à enterrer les corps, sans cercueils, à l’endroit même de leur forfait. Ce sont les femmes et les vieillards qui durent faire ce macabre travail, les jeunes, cachés, n’osant se montrer.

Les Allemands, pas encore satisfait, sont revenus au village pour mettre le feu à la ferme de René Mettey.


A la sortie de Présentevillers, sur la route de Dung, une plaque énumère les noms de ceux qui sont morts au champ d’honneur :
 René Aria
 Frédéric et Lucien Barbier
 Georges Juillard
 Emile et René Mettey
 Jean Mayer
 Maurice Mouhot
 Georges Nicot
 Emile Pigrey
 Georges Quirin
 Armand Rigoulot
 Raymond Rouhier
 André Veuillequez.

Aux fusillés s’ajoute Robert Barbier, tué au retour d’un coup de mains au alentour de Semondans.

Le plus jeune avait 21 ans, le plus vieux 52 ans.


Présentevillers fût libéré le 17 novembre 1944 par la 2ème D. M. (division marocaine) trot tard pour les 14 victimes de la barbarie allemande.

La Résistance a toute sa place parmi les plus belles pages de l’Histoire (avec un grand H) de Présentevillers.

Monument aux morts

A deux pas du "trou de marne", un monument aux morts rend hommage aux 15 habitants de Présentevillers victimes de la seconde guerre mondiale.

Au pied de certaines croix, une plaque porte le nom du Résistant souligné par ces mots : Mieux vaut mourir que trahir.