Montandon (Canton de St-Hippolyte)

, par  Eustache

A l’écart de l’axe routier Belfort - St-Claude (D 437), Montandon se niche à 750m, sur le plateau qui domine St-Hippolyte, surplombant les vallées du Doubs et du Dessoubre.

Le village, sans axe directeur, est cerné d’une dizaine de hameaux et fermes isolées.

Montandon : situation générale
Montandon

  • Superficie : 1275 ha
  • Altitude mini : 520 m
  • Altitude maxi : 880 m
  • Coordonnées géographiques : 47° 18′ 17″ Nord - 6° 50′ 26″ Est



  • Nombre d’habitants : 342
  • Densité : 26,7 ha./km2
  • Gentilé : ---

Histoire succincte

L’histoire de Montandon commence il y a environ 4500 ans, du côté du Fondereau.
Là, dans le calcaire du jurassique supérieur, l’abri sous roche connu aujourd’hui sous le nom de « Baume de Montandon » a accueilli, durant le néolithique et jusqu’à l’âge du bronze final, les derniers chasseurs-cueilleurs (-2500 à –1200 ans).

Plus proche de nous, on retrouve la mention du village dès 1136, dans les actes de fondation de l’Abbaye de Lucelle. "Muntuan" faisait partie des donations.

Puis, au XIIIe siècle, une importante colonie d’Albigeois fuyant la répression (voir l’histoire des Cathares) s’y seraient installée.

En 1639, durant la Guerre de Dix Ans, le village a été incendié par les troupes de Bernard Saxe-Weimar. La population a été décimée, à l’exception de quelques familles qui avaient trouvé refuge dans la grotte du Fondereau.

A la Révolution, de 1792 à 1795, les villageois, attachés aux valeurs traditionnelles de leur religion malmenée par les idéologies révolutionnaires, formèrent le rang des troupes qui menèrent plusieurs actions d’éclat pour libérer des prêtres réfractaires.

Patrimoine bâti

  • L’église
Eglise St-Urcin

Succédant à une chapelle (attestée en 1303), l’église St-Urcin a été édifiée en 1573, date des fondations du clocher-porche.
Puis elle a été complètement remaniée en 1700 : cette date est sculptée sur l’une des clés de voûte.
Le clocher est surmonté d’un dôme à l’impériale très allongé. A l’origine plus court mais surmonté d’un long lanterneau, il a été remodelé dans les années 1950.

La cloche en bronze qu’il abrite date de 1784 et est classée à l’IMH.

Le maître-autel est orné d’une mise au tombeau polychrome, et de quatre statuettes représentant les évangélistes.

Quant au chœur, on peut y admirer un triptyque datant de 1896. Ces toiles sont des reproductions réalisées par l’artiste Joseph Aubert.

C’est lui qui réalisa les fresques de Notre-Dame des Champs à Paris.

Il avait installé son atelier au château de l’Ermitage, à Mancenans, et c’est pendant ses séjours en Franche-Comté qu’il vint à Montandon, accompagné de ses élèves.

Il y réalisa ces scènes de la vie du Christ ; ses élèves reproduisirent six autres des scènes. Elles ornaient les murs de la nef, mais en ont été retirées lors de la rénovation de l’église, vers 1970.

  • Les cadrans solaires et autres curiosités architecturales

Sur les plus anciennes maisons du village, on peut observer plusieurs cadrans solaires.

cadran solaire 1770
    • L’un, datant de 1706, est visible sur l’un des contreforts coupe-vent d’une maison de la rue des Jonquilles. Sur l’autre, une piéta naïve est sculptée dans une niche à coquille.
    • Dans le haut de la rue du Savu ("sureau" en patois), on peut en observer un autre, gravé sur le contrefort ouest, datant de 1724.
    • Le plus "récent" est daté de 1770 et se trouve sur la façade d’une maison de la rue du Stade.
    • En dessous de l’église, l’ancienne maison commune est dotée, en son angle Nord, d’une série de quatre demi-sphères apotropaïques, disposées en quinconce le long de la chaîne d’angle.
boules apotropaïques
Boules apotropaïques : hémisphères en relief sur une pierre d’un bâtiment et dont les vertus étaient de détourner le mauvais sort.

Patrimoine naturel

  • Les tilleuls
le plus gros des tilleuls du Doubs

Derrière l’église, se tiennent deux arbres remarquables, par leur stature imposante :

    • L’un d’eux, râblé et tortueux, peut se vanter d’être le plus gros du département, avec un tour de taille de 8,70 m !
    • L’autre, majestueusement élancé, nous domine allègrement du haut de ses 30 mètres...

Ces deux larrons que l’on ne peut manquer, sont bien sûr remarquables par leur longévité... La légende locale leur attribue 800 ans !

  • Les grottes

Si l’une d’elles est connue depuis plus de 4000 ans, l’autre n’a été découverte qu’il y a une quarantaine d’années...

    • La Baume de Montandon
      Située au-dessus de la D 437, du côté du Fondereau, c’est un abri sous roche creusé dans la falaise.

Elle a été successivement occupée par les hommes du néolithique, jusqu’à l’âge du bronze final. Des traces de la domestication probable du chien y ont été trouvées.

Elle a servi d’abri au Moyen-Âge (présence de céramiques), puis pendant la Guerre de Dix Ans.

    • La grotte du "Châlot" ou grotte du Roy

Découverte par un chasseur du village, Charles Roy, en 1966, elle est située en contre-bas de la falaise qui borde le plateau Est.

Sa galerie principale se développe sur 270 mètres pour un dénivelé négatif de 15 mètres.
Elle est ponctuée de plusieurs ressauts surmontés de cheminées.
Une des galeries secondaires aboutit à une salle circulaire surmontée d’une cheminée.

  • Les paysages

De par sa situation sur le rebord du plateau, Montandon bénéficie de plusieurs points de vue sur les vallées :

    • Le belvédère du Fondereau plonge sur les lointains de la vallée du Dessoubre et l’éperon du Bourbet (Rocher du Chasseur). Il est sécurisé et aménagé en aire de pique-nique.
Belvédère de Soulce : brume dans la vallée du Doubs

-** Le belvédère "de Soulce", sécurisé lui aussi, offre une belle vue sur Soulce-Cernay et la vallée du Doubs.
En contre-bas, on peut apercevoir la Croix de Saussis, au bout de sa crête vertigineuse.

    • Depuis la ferme de Saussis, on ne peut qu’être séduit par le panorama sur les falaises de Chamesol dans lesquelles s’ouvrent la Grotte du Château de la Roche...

Un circuit de randonnée au départ de St-Hippolyte traverse le village, puis redescend par Saussis, vers Soulce...

Légende

Marie de la Jorotte

Marie de la Jorotte (ou Jourotte) vivait dans la misère, et chaque dimanche elle venait demander l’aumône aux paroissiens qui sortaient de la messe...
Ceux-ci ont toujours été généreux avec elle. Aussi, sur son lit de mort, elle promit de ne pas les oublier, de veiller sur eux et de préserver le village de la grêle.

Le jour où l’on releva les sépultures du cimetière pour le déplacer, on retrouva intacte la main droite tendue de la Jorotte... !
On la ré-inhuma alors dans une cassette aux abords de l’église.

La prédiction de la Marie de la Jorotte se réalisa, et Montandon n’eut jamais à souffrir de la grêle... jusqu’en 1993 !
Ce jour-là, on pensa que la main de la Jorotte avait disparu...

Merci à Mr Henri Tirole, maire de Montandon pour son accueil...

Photos : H.Tirole, Eustache