La Résistance bavanaise et son histoire

, par  Marc

La brochure sur l’histoire de la Résistance bavanaise commence par :
« Les pages suivantes, dédiées à notre chef Robert BRAND, relatent nos actes, nos faits de guerre et montrent notre volonté d’agir, dans un contexte difficile et périlleux. Nos actions militaires, conduites dans la clandestinité, furent efficaces et ont contribué à la Libération de notre Région et de notre Pays. »

Robert BRAND, chef du Corps Franc de Bavans, lieutenant de réserve, marié à Bavans et père de trois enfants (Croix de Guerre – Médaille de la Résistance – Chevalier de la Légion d’Honneur). Il s’engage dans la Marine à 18 ans. En 1940 (il a 30 ans), il n’admet pas la défaite de la France. Ses penchants nationalistes et patriotiques, le font condamner par le gouvernement de Vichy à plusieurs semaines de cellule. C’est là que se dessine son envie de combativité et de liberté. « Jusqu’au bout, coûte que coûte », il faut combattre ne pas admettre la défaite. Son seul but : « reconquérir la Liberté », ce qu’il fera avec courage et abnégation. Il crée son groupe de résistants avec des gens de Bavans et des environs. Ce groupe bien entraîné et bien conduit réalisera quatre-vingts attentats réussis contre l’occupant ou le matériel. Sa tête sera mise à prix et, plusieurs fois, il ne devra son salut qu’à son sang froid ou à une fuite rapide et discrète. Il agit en chef, il est reconnu, apprécié et écouté par tous. Du Mont-Bart au Lomont, son groupe, une bande de copains, mène la vie dure à l’occupant. Souvent la peur est à ses côtés, et la sueur est donnée au nom de la liberté.
A la Libération, il reprendra son travail chez Peugeot à Sochaux. Amical et attachant, il anime et soude l’équipe de Maquisards et, à la Libération, la dote de son drapeau (voir l’histoire du drapeau du Corps Franc de Bavans).

Les maquisards

Les anciens du Corps Franc

Ce sont des hommes et des femmes français, fiers de l’être, et animés d’un désir « sans limites » de le rester. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour anéantir l’ennemi envahisseur. Souvent pauvrement vêtus, mal chaussés, ils sont habitués aux lits de paille, de feuilles… Ils connaissent les sentiers boueux, le vent, la pluie, savent observer et écouter. Souvent ils sont définis comme tueurs, pillards, incendiaires, terroristes… NON ! ils sont avant tout des hommes droits et justes. Ils ont entre 16 et 60 ans, parfois plus. Ils sont ouvriers, manœuvres, paysans, instituteurs, fonctionnaires, commerçants, industriels, de professions libérales, prêtres, pasteurs…Ils se sont levés pour répondre à « l’appel du 18 juin 1940 ». Leur idéal : la Liberté du Pays. Leur force : la soif de vaincre et les liens profonds qui les unissent : amitié, estime et confiance réciproque, obéissance, entraide. Leurs actions : la récupération du matériel parachuté, la surveillance, l’information (entre eux et avec l’Angleterre), l’assistance pour des passages en zone libre ou vers la Suisse, l’aide et les secours aux évadés, l’entraide entre les secteurs, le sabotage des moyens de communication, des ouvrages d’art, des lignes électriques, des voies ferrées, du matériel industriel, les attaques contre l’ennemi, poste de commandement, véhicules ennemis, blindés, convois et les représailles envers les collaborateurs.
Il y avait aussi les attaques contre les mairies de Bethoncourt, Bavans, Voujeaucourt (2 fois), Dampierre sur le Doubs, Dung, Issans, Lougres, Longevelle, Ste Suzanne, tout cela afin de se procurer des tickets de ravitaillement, tamponner de faux papiers avec les sceaux et cachets officiels. Le personnel ne manifeste aucune réticence. Le tout nous est remis rapidement et sans histoire. Parfois nous recevons « un sourire de soutien ». Plusieurs bureaux de tabac reçoivent notre visite pour ravitailler les réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire) et les maquisards.

Par messages codés depuis la BBC, ils reçoivent les instructions, les dates de parachutages… Dans les parachutages, deux d’entre eux leur étaient tout spécialement destinés : 1 à Montenois et 1 à Hyémondans. Les avions larguaient des containers, tous comportaient deux chiffres, son numéro et le nombre total de colis largués pour ne pas en oublier sur le terrain.

Actions de nos maquisards bavanais

Dès 1942, Bavans est un point de passage en zone libre ou vers la Suisse. Un grand nombre de soldats Russes ou hindous profitent des instants d’affolement occasionnés par les bombardements anglais pour tromper la vigilance de leurs gardiens. 42 personnes ont repris le chemin de la liberté en passant par la filière du groupe bavanais.
Fin août, premier attentat sur la voie ferrée entre Voujeaucourt et Berche. Cinq hommes installent des barrages distants d’une vingtaine de mètres constitués de traverses de chemin de fer. Vers 1h30, une patrouille de gardes-voies les découvre ; ils sommèrent le garde barrières de Dampierre de poser des pétards d’alarmes quelques minutes avant le passage du train. Déception pour les maquisards, mais la voie restera bloquée jusqu’au lendemain 7 h.

1943 :
En juin, destruction de pylônes électriques sur la commune de Berche ;
En juillet, attentat sur la voie ferrée à Colombier Fontaine (voie déboulonnée) ;
En août, passage d’un général de l’armée rouge pour la Suisse (par mesure de sécurité, l’évadé ne donnera pas son nom), attentat sur la voie ferrée entre Berche et Dampierre (voie déboulonnée) ;
En septembre, attentat sur la voie ferrée à Dampierre (voie déboulonnée) ;
En octobre, attentats à l’explosif sur la voie ferrée entre Voujeaucourt et Arbouans (une fois dans un sens, une fois dans l’autre) ; le 7, attentat sur la voie ferrée entre Colombier Fontaine et La Prétière (voie déboulonnée, une locomotive couchée et un télescopage entre Colombier et St Maurice ;
En novembre, attentat sur le transformateur de l’usine Leroy de Ste Suzanne.

En janvier 1944, attentat à l’explosif sur la voie ferrée à Dampierre et à Voujeaucourt ; quelques jours plus tard, le Strasbourg – Dijon déraille, la locomotive est couchée dans le talus (c’était un train de chars allemands qui était visé, manqué !).
le 17 janvier, création du Corps Franc de Bavans situé dans le bois des sapins au lieu dit « Sur le Bois » ; ce sont 17 hommes, tous recherchés par les Allemands.

En février, deux attentats( à l’explosif et voie déboulonnée) sur la voie ferrée à Dampierre.

Le 29 mars, première attaque contre le maquis de Bavans : des gendarmes français des brigades de l’arrondissement arrivent à quelques centaines de mètres de notre maquis, tirent quelques coups de feu, puis rebroussent chemin. Il y a tout à penser qu’ils étaient venus donner l’illusion à l’occupant qu’ils nous pourchassaient.

En avril, attentat sur la voie ferrée à la Raydans (explosif) et plus tard à Médière (voie déboulonnée).
Le 17 avril, seconde attaque du maquis par les G.M.R. (Groupe Mobile de Réserve). A 3 h du matin, le maire du village est réveillé, mis en garde à vue ; questionné et menacé, il feignit l’ignorance, bel exemple de courage. Le chien se mit à aboyer, ce qui fera réagir 3 des hommes qui se dispersèrent dans les bois ; seule la perte du dépôt de munitions est à déplorer, et celle des caches successives des hommes à Longevelle, Hyémondans, Désandans, Montbéliard, Dung, Ste Marie. A la réflexion notre maquis avait probablement été dénoncé par une réfugiée au village, elle sera mise sous surveillance. C’était la maîtresse d’un milicien « vichyssois ».

Le 10 mai, miracle à Désandans : leur chef échappe à une tentative d’arrestation. Ce même mois, le maquis se venge sur un collaborateur de Désandans (il sera abattu dans les bois d’Allondans) et sur la traîtresse et collaboratrice, par une exécution réalisée en pleine journée.

Dès le 1 juin, la BBC annonce l’imminence du débarquement : mise en alerte des groupe de Résistance ;
le 2, réunion locale des chefs de groupe ; le 5 réunion préparatoire à la prise générale du maquis ;
le 6, JOUR J, ordre de regroupement du Corps Franc de Bavans et du maquis d’Ecot, le regroupement représente 180 hommes dont seuls 120 seront armés.

A partir de cette date guérillas, attaques et sabotages se poursuivent presque chaque jour :
cette nuit même, attaque de la Poste de Montbéliard : sous les ordres de Robert, 17 hommes partent faire sauter le bureau de poste ; malgré la vigilance de chacun, un Allemand qui se reposait au premier étage donne l’alerte, tire, riposte, c’est le repli ( Une telle action, au centre d’une ville, montre l’audace, le courage et la volonté de nos maquisards).
Le 16, embuscade sur la route à Longevelle, l’attaque d’un convoi allemand (en fait, un DMA Peugeot réquisitionné par les « Teutons ») avec 3 occupants, le sous-officier responsable qui arrivera à prendre la fuite et 2 hommes dont un blessé qui décédera et le deuxième sera fait prisonnier (le prisonnier du livre AU MAQUIS D’ECOT). Il a environ 40 ans ; blessé, il sera soigné.
Le 17, attentat contre des pylônes électriques à Feule, un crayon allumeur récalcitrant fait courir un énorme risque à celui qui, couteau entre les dents, va couper le cordon reliant les pains de plastic ! Nouvelle tentative ¼ d’heure après, cette fois c’est réussi ; le pylône se soulève et s’effondre, emportant d’autres pylônes reliés par les câbles, le courant est interrompu pour une grande période.
Le 18, blocage du tunnel ferroviaire de Montbéliard : une équipe neutralise le garde de voie français, une autre assure la sécurité et la troisième déboulonne les rails au milieu de l’ouvrage. Au bout d’une heure environ (une éternité en pareilles circonstances), le petit train de St Hippolyte, sans chauffeur ni mécanicien, arrive à pleine vapeur dans le tunnel. Un vacarme assourdi par le tunnel arrive vers nous, la ligne est bloquée et inutilisable pour plusieurs jours, encore une opération réussie !
Le 23, l’abbé Selb, vicaire à Montbéliard, nous avertit d’une opération de représailles contre nous. Déménagement du camp de Villars sous Ecot dans la nuit du 23 au 24.
Le 28, l’ennemi attaque l’ancien camp où il ne trouvera que les vestiges d’abris ;
Le 29, nouveau changement de camp, à proximité des fermes de Lucelans, puis action contre les bohémiens :

De plusieurs sources différentes nous arrivent des information comme quoi un groupe de maquisards se rend chez les paysans et se fait remettre victuailles, boissons, etc. … sous la contrainte.

Cette image ne nous convient pas : c’est un risque de voir s’opposer des « bons » Français entre eux.

Depuis le 6 juin, jour de la montée au maquis, le Cdt Valentin n’a pas de reproche de se genre a faire à ses maquisards. Ce brigandage salit l’image de la résistance, il nous faut agir.

En pleine nuit la baraque des bohémiens est cernée. Sommations. Pas de réponse. Une fenêtre est défoncée par les maquisards qui, malgré les cris, emmènent 2 hommes avec « jambons, saucisses et côtes fumées, fruits de leur dernière razzia ». Ceux-ci leur donnent un troisième larron, lui aussi sera cueilli et les trois hommes bien encadrés prendront la direction du camp. Sous prétexte de « besoin personnel », ils tenteront de fuir ; un meurt sur place, un deuxième sera poursuivi et abattu, le troisième réussira à fuire et ira rejoindre une autre équipe qui opère en Haute Saône avec véhicule (tolérance étrange à cette époque !) et avec des armes allemandes. Pas de doutes, ceux-ci sont couverts par l’occupant.

_ En bordure du bois de Bretigney, une fusillade éclate entre eux et un groupe de résistants, trois corps gisent sur la route, ils seront enterrés dans le bois voisin.

De nos jours, leurs restes sont encore à cet endroit. On ne badine pas avec l’honneur des maquisards.

Le 5 juillet, accrochage sérieux à Villars sous Ecot et attaque d’un groupe d’officiers allemands et agents de la Gestapo (masculins et féminins) au café des chasseurs à Montbéliard ; l’échec de cette opération incombe au tenancier de l’établissement qui aura pris fait et cause pour l’ennemi. Bilan : 3 morts et un prisonnier qui va connaître la torture et la souffrance, on ne le reverra jamais, les représailles seront proche.
Le 8 juillet, attaque surprise et massive (1000 hommes) sur le maquis d’Ecot. Ce secteur sera dissout, le groupe de Bavans et celui de Lougres se regroupent. Pourchassés par 200 Allemands, départ nocturne pour les environs de Montenois jusqu’au 3 août.

En début d’août, opération sur Hyémondans et transfert de collaborateurs passés d’un camp à un autre, les yeux bandés afin de les neutraliser.

Opération Hyémondans

Un agent de liaison du Cdt Meyer (alias Polyte) apporte une information importante : le groupe vient de réceptionner un parachutage mais les Allemands sont très actifs sur zone et parraissent être au courant. Ils sont en difficulté et souhaite de l’aide pour éviter que les précieux containers ne tombent aux mains de l’ennemi.

Le parachutage est en lieu sûr. Notre mission : récupérer armes et munitions entreposées dans une loge à vache au milieu des pâtures. Ce jour là, un visiteur est le bienvenu : le Cdt Paul, officier américain (son vrai nom Ernest FLOEGE), est venu nous rencontrer ; informé, il décide de prendre la direction de l’opération.

Un véhicule, un Renault dix tonnes du parc des Automobiles Peugeot d’Audincourt, doit nous transporter ; le camion n’étant pas bâché, le groupe d’hommes armés dans la benne est bien visible. Il est décidé que le camion empruntera le chemin le plus rapide et passera par L’Isle sur le Doubs. Le passage à niveau est gardé jour et nuit, le centre ville est un passage des troupes ennemies et un bureau de la Kommandantür est au centre ville... que de problèmes ! La traversé se passe bien, ouf !

Dans la monté de Colombier- Châtelot, le moteur toussote, puis… c’est la panne. Nous sommes à quelques pas de la Kommandantür. Paul est descendu et se glisse côté opposé à la sentinelle qui fait les cents pas devant la maison : « Ne bougez pas. Lancez vos grenades seulement à mon signal » ! Le chauffeur s’affaire dans le moteur et l’Allemand regarde le camion mais ne s’inquiète pas. Des minutes interminables s’écoulent. Le chauffeur se démène et transpire. Après plusieurs tentatives, le moteur tourne. Sans attendre le véhicule démarre. La tension était extrême, on respire mieux… On a eu très chaud !

La nuit est tombée. Le camion s’arrête dans un petit chemin abrité avant le village. Deux paysans viennent nous aider avec des chariots tirés par des bœufs. La moitié du détachement précède les attelages et l’autre moitié ferme la marche en protection. La récupération des armes va permettre d’équiper de nouveaux effectifs car nombreux sont ceux qui rejoignent les résistants et la pénurie de matériel se fait sentir. La loge se dessine dans la nuit. Des sentinelles sont mises en place. On patauge dans la boue et les containers sont vite chargés. Sitôt chargés les chariots repartent. Deux hommes vont en avant prévenir le chauffeur pour qu’il nous rejoigne à la ferme. Le camion est chargé à toute allure. Le chargement est important et les hommes auront des difficultés pour trouver un emplacement. Nous saluons et remercions les braves et courageux paysans et formulons des vœux pour qu’ils ne soient pas connus de l’ennemi. Nous démarrons accroché à nos containers, l’armement est prêt au cas où…

Le retour se passe bien, pas vu un Allemand sur le chemin. On se dirige vers Beutal et notre camp. Maintenant une autre équipe décharge le camion. C’est l’aube et les acteurs de cette nuit vont se reposer. « Le Cdt Paul a conquis notre estime par son attitude courageuse, son calme, sa sagesse et sa maîtrise… lorsque le camion tomba en panne ».

Le 10 août, transfert du maquis de Montenois à Beutal (effectif 135 hommes) ;
Le 17, prévision de regroupement au Lomont ;
Le 18, ordre de montée ;
Le 19, montée effective au Lomont ;
Le 22, premier accrochage sur le secteur du Lomont.C’est ce jour-là que Karl DIETZ, dit "Le Balafré", sera abattu ; c’était un des responsables de la Gestapo de Montbéliard, particulièrement cruel pour les résistants ;
Le 23, regroupement massif des effectifs et participation du Corps Franc à des actions sur Noirefontaine, Pont de Roide, Villars les Blamont, Dannemarie, Abbévillers, Liebvillers et sur zone.

La situation s’améliore, les alliés s’approchent de Pontarlier. Nous effectuons des missions de surveillance et de reconnaissance vers Noirefontaine, Villars sous Dampjoux. Pour les habitants de ces villages, nous sommes les premiers Français en armes depuis le début de la guerre. Une joie immense les envahit. Le plaisir se lit sur leurs visages.

Robert fait disposer des guetteurs à l’entrée de Villars, côté Pont de Roide : les Allemands sont retranchés dans cette commune. Ne restant pas inactifs, ces derniers sont capables de mouvements… donc vigilance.

Un autre groupe avait monté une embuscade à proximité de la scierie du Poset. Le temps est superbe, les gars sympathisent avec les habitants. On trinque à la fin de la guerre, à notre victoire proche. Soudain des rafales d’armes automatiques se font entendre. « L’embuscade, rassemblement et tous au Poset ! »

Sous la conduite de Robert, tous courent renforcer le groupe attaqué. Les rafales cessent tout à coup, quelques coup de feu épars, puis nous arrivons. A cent mètres des lieux, nous apercevons une 202 Peugeot (sans doute réquisitionnée par l’ennemi) et un side-car au milieu de la route. Pas d’Allemands en vue ! Les maquisards ont bien choisi l’endroit : cachés en contre-bas de la route dans le lit d’un ruisseau à sec dans le talus derrière la voix ferrée. L’endroit est dense, touffu avec de hautes herbes et de gros buissons de saules. L’ennemi a riposté et un maquisard est blessé grièvement, il est soigné sur le champ.

Robert ordonne une fouille méthodique des buissons avec prudence et attention. Impressionnés par le nombre de maquisards qui les entourent, cinq Allemands se lèvent les bras en l’air. Surprise ! Il s’agit d’officiers de l’Etat Major des douanes du plateau de Maiche. Vite regroupés au milieu de la route les prisonniers sont désarmés et fouillés. Armes, montres, bottes sont réquisitionnées (chacun son tour !). Les véhicules livrent un butin intéressant (armes, munitions, un fusil mitrailleur et aussi des Reich-Marks).

Soudain, Robert s’aperçoit qu’il a perdu dans sa course un chargeur de mitraillette. Son jeune collègue part à sa recherche, saute dans la pâture et s’arrête. Il est inquiet ! Pressentiment peut-être ! Il regarde ses amis s’affairer autour des véhicules et des prisonniers. Quelle belle cible ils font ! S’il restait des Allemands cachés… Le groupe serait détruit d’un coup ! Inquiet, il visite le lit du ruisseau, fouille les buissons, s’approche des saules et cherche dans les herbes, partout ! A une trentaine de mètres il aperçoit un soldats allemands caché derrière un tronc d’arbre et couché au sol. Un « Haut les mains ! » crié très fort fit sursauter l’ennemi et avise du même coup les collègues. L’Allemand se lève et, stupeur, il était couché derrière un fusil mitrailleur pointé sur le groupe et cherchait à s’approcher pour ouvrir le feu sur les maquisards et libérer ses amis.

Le jeune maquisard sera félicité pour sa bravoure. Ce jour là, le Corps Franc aurait pu être décimé pour quelques instants d’inattention.

Toute l’équipe rentre au maquis, direction le PC du Lomont, escortant leurs prisonniers et les deux véhicules.

Ernest LELACHE, ancien résistant et maire de Bavans, remet à Robert BRAND le drapeau de l’Amicale des Anciens du Corps Franc.

Le 23 août 1944, plus de 2500 hommes se regrouperont au Lomont. Le maquis grandira et couvrira près de 40 kilomètres carrés.

Le 24 août, Paris, la capitale est libérée.

Le 6 septembre, offensive allemande par la « Gespenter Brigade » (brigade fantôme) sur le fort du Lomont ;
le 8, bataille de Villars les Blamont ;
le 27, descente sur L’Isle sur le Doubs et avancée d’un groupe de Bavans pour participer à la libération de Longevelle ;
le 30, retour au cantonnement à Loray, puis descente sur Montbéliard.
Le 17 novembre, libération de Bavans ; il est 11 h.
Le 18, Libération de Monbéliard et retour au foyer pour un grand nombre de maquisards.

Le général Bethouart (en 1947) dira : « Le Lomont, c’était la clé du Pays de Montbéliard, la porte de la trouée de Belfort, la route du Rhin ! »

(Ci-dessous, je me permets de reproduire exactement deux parties de chapitres de leur brochure sans en changer une virgule. Le lecteur comprendra aisément pourquoi)

Actes de démence

Certaines actions, voire exactions conduites sous forme de représailles par l’ennemi ne peuvent hélas être caractérisées sous d’autres formes.
Songeons à toutes les souffrances physiques et morales infligées dans nos régions…et vécues avec humiliation !
 vols
 rapines
 spoliations
 pillages éhontés entraînant privations, restrictions, maladies
 angoisse
 intimidations
 interrogations
 contraintes
 exigences, obligations
 sévices, coups tortures
 arrestations
 emprisonnements
 exécutions simples
 exécutions collectives

De tels actes conduits par l’ennemi reflètent la cruauté aveugle, l’inconscience et la hargne contre les résistants !

Notre région fut éprouvée durement, nous citerons pour mémoire :
 ETOBON le 27 septembre 1944 - 67 arrestations dont 39 otages innocents seront fusillés en représailles
 PRESENTEVILLERS le 28 octobre 1944 - 15 personnes fusillés
 MONTENOIS le 29 octobre 1944 - 15 personnes fusillés
La liste peut-être allongée aisément… Ecot, Villars etc. …

Méditation et fanatisme

Vaincre deux ennemis en un … n’était pas chose aisée, cependant il fallait combattre à la fois l’armée et son fanatisme, véritable moteur des actions de l’envahisseur.

Comment un peuple entier a-t-il pu se laisser entraîner et conduire vers une telle escalade de violence et d’horreur ?

Tout ceci
 sans réagir
 sans analyser
 sans remise en cause
 sans aucune interrogation ?
 et de surcroît en montrant une obéissance exemplaire.

Etymologiquement, le fanatisme c’est exciter par une « doctrine », une idée, au point de rendre capable d’une violence aveugle et brutale. Idée parfois issue de visions divines.
Le fanatisme peut se rapporter à un être excessif (tel Hitler), ayant une passion démesurée à l’égard de quelque chose au point de croire qu’il est le seul en possession de vérité.


Dédicaces
Avec sa permission, je complèterai ce texte par la reproduction du revers de la couverture de la brochure que le grand Kiff m’a confiée, où figurent quelques mots et de nombreuses signatures de tous les anciens maquisards et de l’épouse de Robert BRAND, présents au lancement de cette édition. Ils saluaient par ce fait le plus jeune d’entre eux à l’époque.

Merci encore, à Daniel KIEFFER (alias le grand Kiff) et à André BOURZEIX (alias Le Bouzou), les deux derniers maquisards du Corps Franc de Bavans, qui m’ont permis de vous rappeler leur histoire, celle qui est aussi la nôtre, puis que c’est grâce à eux et à leurs camarades disparus, qu’aujourd’hui, afin que cela ne se reproduise jamais, la France, … notre France, l’Allemagne, l’Angleterre (autrefois ennemis) se mettent ensemble pour créer l’ EUROPE

Je voudrais souligner aussi l’honnêteté de ces messieurs, et à tous ceux qui ont participé à l’écriture de ce document. Ils n’ont pas hésité à rapporter tous leurs faits de guerre, bon ou moins glorieux comme l’arrestation et l’exécution de collaborateurs mais toujours patriotique.