Victor-Marie HUGO

Poète français, né à Besançon (au n°140, Grande Rue) en 1802, mort à Paris en 1885.

Fils du général Sigisbert Hugo, alors capitaine, et de Sophie Trébuchet, la fille d’un armateur de Nantes, il suivit tout enfant son père de garnison en garnison, notamment en Espagne et en Italie. Il vécut ensuite avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qui lui inspira de si beaux vers. En 1815, il fut mis en pension pour se préparer à l’Ecole polytechnique. Déjà il faisait des satyres, des odes, des épîtres, et même une tragédie. Les Jeux floraux le couronnèrent plusieurs fois.

En 1822, il publia son premier volume d’Odes puis, en 1823, un sombre roman, Han d’Islande ; en 1824, un second volume d’Odes, suivi de Bug-Jargal ; la même année un troisième volume d’Odes, suivi de Ballades ; en 1827, le drame de Cromwell dont la préface fut le manifeste du romantisme. Ses principaux recueils lyriques, dans la première moitié de sa carrière, sont : Les Orientales (1828), admirables par le coloris du style et la richesse du rythme ; les Feuilles d’automne (1831) ; les Chants du Crépuscule (1835) ; les Voix intérieures (1837) ; les Rayons et les Ombres (1840), dont la poésie est moins brillante, mais a des accents plus profond, où il se montre un admirable interprète des intimités recueillies, de la vie morale et sociale. Après Cromwell, qui n’était pas fait pour être joué, Victor Hugo donna plusieurs drames ; en vers : Hernani (1830), Marion Delorme (1830, écrite dès 1829), Le roi s’amuse (1832), Ruy Blas (1838), Les Burgraves (1843) ; en prose : Lucrèce Borgia, Marie Tudor (1833), Angelo (1835). Entre temps, il avait publié Notre Dame de Paris (1831), roman historique, ou plutôt multiple et vaste épopée du moyen-âge et de l’art ogival. Il fut élu à l’Académie française en 1841 et nommé pair de France en 1845.

Depuis lors et jusqu’en 1850, le poète céda la place à l’homme politique. Il avait d’abord été un "Vendéen" comme sa mère, un légitimiste et un catholique. Il devint de plus en plus libéral et, après la Révolution de Février, ne tarda pas à être le chef de la gauche démocratique et son grand orateur. Il fit campagne contre Louis Bonaparte qui préparait le rétablissement de l’Empire, et fut inscrit, au coup d’Etat, en tête des listes de proscription. Il passa 18 ans en exil : à Bruxelles d’abord, puis à Jersey, à Guernesey. De Bruxelles sont datés Napoléon le Petit, virulent pamphlet, et les Châtiments (1853), recueil de satyres lyriques où sa puissance d’indignation se déploie avec une verve incomparable.

Avec les Contemplations (1856), Victor Hugo revient à la poésie intime. Ces deux volumes sont la suite des Feuilles d’automne et des Voix intérieures, mais leur lyrisme s’est fait plus élevé, plus ample, plus largement humain. En 1859 paraît le premier volume de La Légende des Siècles, série de récits et des scènes épiques, dans lesquels il montre "l’épanouissement du genre humain de siècle en siècle". Ce poème est l’oeuvre la plus grandiose, la plus diverse de Victor Hugo, la plus simple dans sa magnificence. En 1862, il donne un vaste roman social et humanitaire, Les Misérables, puis Les Travailleurs de la Mer (1866) ; L’Homme qui rit, et quelques années plus tard, Quatre-vingt-treize. Dans l’intervalle avaient paru Les Chansons des rues et des bois (1865), recueil de courtes pièces de vers gracieuses, badines, légèrement sensuelles.

Rentré à Paris après la chute de l’Empire, il donna en 1872 L’Année terrible, que lui ont inspirée les désastres de la guerre étrangère et de la guerre civile. Puis c’est la seconde et la troisième série de La Légende des Siècles (1877 et 1883) : L’Histoire d’un Crime, où il raconte le coup d’Etat, L’Art d’être grand-père (1877), qui contient maintes pièces exquises de grâce et de tendresse émue, divers poèmes et recueils poétiques, tels que Le Pape (1878), La Pitié suprême (1879), L’Ame (1880), Religion et Religions (1880), Les Quatre vents de l’esprit (1881), Le drame de Torquemada (1882).

Après son retour en France, Victor Hugo n’avait pas tardé à redevenir un des chefs du parti républicain avancé. Son rôle fut surtout de faire des beaux discours, dans lesquels il célébrait les plus nobles idées de justice, d’humanité, de progrès moral et social. Mort à 83 ans, ses funérailles furent une véritable apothéose. Il laissait un grand nombre d’oeuvres inédites, dont on a publié Le Théâtre en liberté (1886), La Fin de Satan (1886), Choses vues (1887), Toute la lyre (1888) et une partie de sa correspondance.