Le chamois

, par  Domi

Le chamois

Le chamois est sans doute le mammifère sauvage le plus facile à observer en Franche-Comté ; il n’est pas rare de remarquer sa silhouette dans un endroit escarpé.

C’est l’un des plus petits représentants de la famille des bovidés et de la sous-famille des caprinés. Un mâle mesure en général entre 125 à 135 cm du museau à la queue et 70 à 80 cm du haut au garrot, pour un poids entre 22 à 62 kg. Les femelles sont toujours inférieures en poids.

Il a des sens très développés :
 la vue du chamois est particulièrement excellente, lui permetant de distinguer tout mouvement dans la pénombre. En revanche, il éprouve de réelles difficultés à identifier des objets immobiles, même proches de lui.
 L’odorat est l’autre sens qui lui permet de confirmer, par vent favorable, la présence d’individus à plus de 500 mètres !
 L’ouïe l’aide aussi à identifier tout bruit insolite.

La particularité de cette espèce est que le chamois, mâle et femelle, porte des cornes. C’est la morphologie générale, et le poids en particulier, qui permet de distinguer les deux sexes.

Régime alimentaire

Il se compose de plantes herbacées des prairies, de feuilles, de pousses d’arbres ou d’arbrisseaux, d’aiguilles de résineux (sapins notamment) et de fleurs (lys, jonquilles, gentianes, légumineuses...).
En hiver, il gratte la neige avec ses sabots afin d’atteindre les quelques herbes qui subsistent sous le manteau neigeux !

En général, le chamois est un animal diurne, et il se repose au milieu de la journée. Il peut se nourrir la nuit si elle est claire .

Reproduction et naissance

Le rut a lieu en novembre et décembre. Les mâles dominants rejoignent les femelles, chaque mâle défend un territoire et dépense beaucoup d’énergie pour maintenir une harde ou un groupe de femelles à l’intérieur de celui-ci.

Le temps de gestation est de 24 à 25 semaines, soit environ 170 jours. La mise bas a lieu entre fin mai et début juin.

La femelle n’a qu’un chevreau, et la naissance de jumeaux est rare. On notera que le nombre de jumeaux est proportionnel à la densité de la population du moment : plus le pourcentage est bas, plus les femelles auront tendance à avoir des jumeaux.
La femelle s’isole de la harde pour mettre bas. A la naissance, le petit chamois mesure environ 50 cm et 35 cm au garrot pour un poids qui varie de 2 à 2,7 kg. En quelques heures, il est capable de se tenir debout ; une semaine après la mise bas, la mère et le petit rejoignent le troupeau.

Le lait est très nourrissant, le jeune prend plus de 100 gr par jour et au bout de 2 mois il pèse déjà 10 kg. Il est complètement sevré à la période du rut qui commence fin octobre.

Et encore...

Contrairement à l’idée reçue, le chamois n’est pas typiquement un animal des hautes montagnes ; il recherche avant tout les secteurs au relief marqué, boisés ou non, mais pas nécessairement en altitude.
Malgré cela, en cas de danger, il s’avère un excellent grimpeur, capable de parcourir d’importants dénivelés au grand galop. Il peut aussi supporter de très basses températures et sait subsister en cas de tempête.

Dans notre région

A la fin du XIXème siècle, aucun naturaliste ne mentionne la présence du chamois dans le massif jurassien. Pourtant, il est présent en Suisse dès 1860.
En 1898, un mâle est tué à Jougne (dans le Doubs) ; il s’agit de la 1ère observation dans le Jura français depuis fort longtemps.

Au début des années 1950, la population dans le massif du Jura est estimée à une vingtaine d’individus autour du Mont D’or (Doubs), une demi-douzaine au Creux du Vent (Suisse, canton de Neuchâtel) et quelques individus dissimulés sur les crêtes. On peut raisonnablement penser qu’une partie de la population soit arrivée de façon naturelle depuis les Alpes.

Depuis 1960, l’espèce est protégée en France, ce qui lui a permis de se développer et de coloniser de nombreuses zones qui lui sont favorables, y compris à plus basse altitude : quelques chamois sont signalés en 1977 dans les environs de Besançon, à environ 400 mètres d’altitude.

En 1977 la population est estimée à 3000 individus pour l’ensemble du Jura franco-suisse.

Prédation

Dans les années 1980, l’ouverture de la chasse au chamois a permis aux populations de stagner et de voir disparaître certaines hardes. Un ajustement du plan de chasse a été nécessaire pour permettre aux effectifs de se reconstituer, et à l’aire de répartition de progresser à nouveau.
Ainsi en 2000, on décomptait 4000 individus rien que pour le Jura français.

Le lynx a permis aussi l’éclatement de ces groupes qui pouvaient atteindre plus de 70 individus et qui causaient des dégâts sur la régénération forestière.

Pour conclure

Il est donc facile d’observer le chamois en Franche-Comté, même le long des routes : il suffit de regarder attentivement pour l’observer au plus belles heures de la journée.
Il est par exemple observable de Remonot jusqu’à Morteau, ainsi qu’aux environs du château de Joux et au pied de la falaise du Mont D’or.

Il vous appartient de le découvrir dans notre belle région au détour de vos randonnées. Bonne balade à la rencontre de ce sympathique chamois !

Remerciements à Dominique Michelat pour les photographies de chamois comtois !