On s’la coule Douce ! (90)

, par  Karine
Itinéraire


 Distance : 7km

 Temps : 2 heures

 Dénivelé : 110m

 Carte IGN 3621 OT

La Coulée Verte en bordure du Parc de la Douce

Le départ de la randonnée s’effectue depuis le parking du centre commercial Super U à Bavilliers. Au fond du parking, vous apercevrez des bacs de tri sélectif et vous vous engagerez dans le quartier qui le suit. Le marquage de cercle rouge n’est pas immédiatement visible. Assurez-vous que vous êtes bien rue des Champs de la belle et traversez le quartier.

Une ascension vous mènera aux jardins ouvriers qui précèdent le joli parc de la Douce.

Empruntez la passerelle, tournez à gauche. Vous êtes à présent sur le chemin de hallage du canal de Haute Saône, autrement appelé Coulée Verte. Longez le parc. A son terme, retraversez le canal et poursuivez sur la piste cyclable.

Le canal de Haute-Saône est un projet inachevé. Suite à la perte de l’Alsace en 1871, il fut décidé de construire un canal pour relier la partie restée française du canal du Rhône au Rhin au canal de l’Est. Un immense bassin de rétention fut construit à Champagney pour alimenter ce canal qui ne fut pas achevé, faute dans un premier temps de crédits suffisants, et dans un second temps de la première guerre mondiale qui rendit à la France l’Alsace et la Lorraine. Le but était aussi de relier les mines de charbon de Ronchamp aux usines montbéliardaises.
Source de la Douce

Profitez du canal et de ses canards. Vous aurez sur votre gauche les terrains de foot d’Essert, vous apercevrez la statue du Sacré Coeur consacrée à Dieu pour le remercier de sa protection durant la seconde guerre mondiale et vous continuerez à suivre vos cercles rouges. Ceux-ci vous inviteront, au centre du village, à quitter le canal pour bifurquer à gauche. Rapidement, vous passerez devant l’église, descendrez encore la rue De Lattre de Tassigny avant de prendre une petite rue à droite (rue Leiris) toujours cerclée de rouge.

Au bas de cette rue étroite, vous découvrirez une fontaine - lavoir originale.

C’est la source de la Douce. Le lavoir fut construit en 1807. Entre 1945 et 1946, on ajouta aux bacs des planches à laver le linge, puis un toit métallique. Celui-ci a disparu en 1998. En 2006 le lieu a été embelli et aménagé. Une table de pique-nique se trouve d’ailleurs de l’autre côté de la route.

Passez-la et commencez à grimper. Une halte s’imposera à la chapelle Notre Dame du Voeu qui, parait-il, porte chance. C’est la seule chapelle du Territoire de Belfort qui se trouve sur la route des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.

D’après la légende, Joseph Welfele, curé d’Essert de 1915 à 1924, aurait promis d’édifier une statue de la vierge si le village était épargné pendant la première guerre mondiale. Comme ce fut le cas, en 1920 on construisit une statue écrasant un serpent (symbole du mal).

Notre-Dame du Voeu, qui fut construite en 1931, a la réputation de porter chance. En effet, une certaine madame Fleur, habitante d’Essert, se serait faite tirer dessus quelques jours avant la Libération. Elle serait allée allumer des bougies et les soldats allemands lui auraient tiré dessus en pensant à une présence ennemie. Leurs balles ont perforé la tôle de la porte mais n’auraient pas touché la jeune femme qui se tenait sur le côté. Il semblerait que le socle de la statue porte encore la marque de ces coups de feu puisqu’un trou y est toujours visible.

De là, un large chemin vous mènera doucement mais sûrement à l’Ouvrage de la Côte.

Suite au conflit de 1870, il est décidé de renforcer les lignes de défense. Le fort d’Essert est construit entre 1890 et 1892. Ses buts sont :
 d’empêcher une infiltration d’infanterie entre le fort du Bois d’Oye situé à Bermont et celui du Salbert à Evette-Salbert.
 de protéger les forts du Salbert et du Mont Vaudois à Héricourt.
 de surveiller la route Lure - Paris qui permet d’éviter la trouée de Belfort.

Ce fort, conçu pour accueillir 279 hommes et 13 canons, fut creusé dans le roc et se caractérise par une forme pentagonale. Sa date de construction fait de lui un ouvrage dit intermédiaire entre les forts construits en 1870 et ceux conçus à partir de 1900. Il s’étend sur huit hectares et contient plusieurs magasins et ateliers, deux chambrées, un puits et bien d’autres choses. Son originalité, celle d’avoir été creusé dans la pierre (au lieu d’avoir été construit à ciel ouvert et recouvert de pierre, comme c’est le cas pour les ouvrages de la même époque) lui vaut un fort taux d’humidité.

Le chemin qui mène à ce fort est glissant par temps de pluie. Imaginez les assaillants en novembre 1944...

Le 20 novembre 1944, les Commandos d’Afrique vont s’emparer d’Essert, village clé pour entrer dans Belfort. L’ouvrage de La Côte sera repris aux Allemands.
Notre Dame du Voeu

Au sommet, juste avant d’entrer sur le site proprement dit, vous passerez à un mètre d’un petit trésor (ciste n°59764). Une fois sur le site, faites attention à ne pas tomber, les fossés sont très profonds. Le jour déclinant, je n’ai pas pu prendre de photographie correcte, mais vous en trouverez en cliquant sur les liens du post-scriptum. Pour rentrer, vous n’aurez plus qu’à reprendre vos cercles rouges en direction de Bavilliers. Vous serez sur ce qu’on appelle un "stratégique", voie ferrée étroite qui permettait de ravitailler les batteries. A noter que le fort se visite sur demande.

***

Le lutin des Résidences

Gabriel Gavrier raconte dans Légendes et Contes du Territoire de Belfort (tome 1) qu’un jeune homme habitant le quartier des Résidences aurait rencontré un lutin justicier. Jean-Pierre refusa de suivre ses camarades qui partirent jouer vers Bavilliers. Ils allaient chiper des fraises dans un jardin. Le lutin syndiqué Kiroulou apparut à Jean-Pierre et lui expliqua qu’il était chargé des Résidences. Ce lutin justicier punissait toutes les mauvaises actions commises dans le quartier...

Le trou la dame

La fiche du Conseil Général vous invite à un petit détour par Le Trou la Dame à la sortie de Bavilliers. Mais savez-vous pourquoi cet endroit où la Douce se perd s’appelle ainsi ?

D’après Gabriel Gravier, il existait jadis à Essert un château dont il ne subsisterait qu’un puits et quelques vieilles pierres.

Ce château était habité par une châtelaine à la fois très belle et très cruelle. Elle séduisait les seigneurs des alentours et une fois qu’ils étaient épris d’elle, elle les rudoyait et les congédiait. Sa cruauté alla jusqu’à imaginer de pousser deux très bons amis à se battre pour elle.

En effet, les seigneurs de Banvillars et de Bavilliers se connaissaient et s’aimaient depuis leur plus tendre enfance. La dame les invita souvent chez elle ensemble, les séduit tour à tour et réussit à faire naître entre eux une certaine rivalité. Chacun se demandait lequel elle choisirait comme époux.

Elle finit par leur dire qu’ils n’avaient qu’à se battre en duel et qu’elle épouserait celui qui mettrait l’autre à mort. Le seigneur de Banvillars refusa tout net de se battre pour cette femme cruelle. Il ne voulait pas tuer son ami. Mais l’autre, fine lame, espérait bien remporter la victoire et épouser la dame. Traité de lâche, le seigneur de Banvillars dû défendre son honneur. En vain, il tenta de faire renoncer son ami et mourut, surpris par un coup hardi.

Le seigneur de Bavilliers fit aussitôt apprêter un magnifique carosse pour aller chercher sa fiancée. A leur arrivée à Bavilliers, un très violent orage éclata, la foudre tomba, fracassa le carrosse et fit disparaître tout l’équipage dans un trou appelé aujourd’hui Trou la Dame !

Voir en ligne : Adaptation de la fiche de randonnée n° 3 publiée par le Conseil Général du Territoire de Belfort