Le sentier des falaises - St-Hippolyte (25)

, par  Eustache, Karine

La bourgade de St-Hippolyte, nichée au confluent du Doubs et du Dessoubre, est couronnée au nord par une longue falaise qui se prolonge vers l’est.

Nous vous proposons une randonnée riche en découverte de sites naturels et historiques.

Niveau de difficulté :
Dénivelée estimée : 450 m
Temps horaire estimé : 5 à 6 h
Kilométrage estimé : 13 km

Carte IGN 1:25000 - 3622 OT ou 3623 OT

Randonnée réalisée le 16 mai 2009

Depuis le parking commun au petit supermarché et à l’école Maternelle (ancienne gare), il faut suivre le balisage bleu et jaune qui s’engage entre les deux bâtiments, puis longer la D121 qui remonte à gauche, en direction de Montécheroux.
Le sentier sur les bord duquel pousse le dompte-venin vous rappellera que les vipères ne sont jamais très loin... Attention donc !

St-Hippolyte depuis le chapelle du Mont

A la Chapelle du Mont, un premier point de vue nous fait découvrir St-Hippolyte lové au creux des vallées.

Après les maisons de Rosières, il faut s’engager sur le chemin de terre à gauche, malgré le balisage en croix qui annonce une « mauvaise direction » (le balisage a plus été conçu pour faire la boucle dans l’autre sens).

Le chemin s’engage dans les pâtures sous la falaise, puis alterne sous-bois et ouverture sur la vallée. Il monte tranquillement en direction de Liebvillers. Dans la forêt, on passe à proximité d’une tufière qui allonge progressivement son cône fait de gours successifs.

à Noircure

_ A Noirçure, il arrive que l’on puisse apercevoir une harde de chèvres sauvages, mais plus sûrement quelques chevaux.
Le chemin carrossable redescend en direction de la ferme des Sillots, mais nous bifurquons avant, sur un rude sentier qui nous conduit à l’un des plus beaux sites naturels de Franche-Comté (pas moins) : la formidable arche naturelle des Baumes Berceau, accompagnée de son abri sous-roche plus connus sous l’appellation « la Grotte du Bisontin ».

A cet endroit quelques petits trésors à découvrir sur www.cistes.net sont dissimulés et n’attendent que votre visite.

L’abri sous-roche, profond de dix-huit mètres et large de sept, n’a livré que peu de vestiges paléontologiques (quelques restes d’ours des cavernes, bouquetins et rennes).

Il aurait été occupé à deux époques préhistoriques différentes, durant l’Aurignacien (-25000 ans) et le Magdalénien (-12000 ans) : Quelques outils y ont été retrouvés (grattoir, couteau-grattoir, aiguille en os, grattoir-burin, perçoir)

L’abri porte aussi le nom de « Grotte du Bisontin », car une légende raconte qu’un contrebandier originaire de Besançon y entreposait ses marchandises.

A le Grotte du Bisontin

Le sentier continue le long de la falaise par la droite, puis se hisse jusqu’à son couronnement, laissant admirer au passage, quelques vues sur la vallée du Doubs, Bief, les Terres-de-Chaux et Liebvillers.
Dès la fin de l’ascension et tout au long des falaises, des points de vue sympathiques vous accueilleront pour pique-niquer ou simplement pour imiter Rousseau contemplant la nature s’étalant à perte de vue.

Vallée du Doubs à Bief


Ce sentier longe un moment la haute clôture d’un parc à sangliers. Au bout de celle-ci, la prudence s’impose : un petit gouffre s’ouvre au ras du sol au bas d’un rocher. Il faut bien se fier au balisage pour gagner la crête.

Prudence toujours : pendant un kilomètre et demi, on va longer la falaise en sous-bois, tout en profitant encore de quelques points de vue vers la vallée ou sur l’étendue des pâturages du plateau.

Arche sur le sentier des falaises

_ Le rebord de la falaise nous offre encore une surprise, puisque nous contournons le bassin d’effondrement d’un ancien abri sous-roche dont il ne reste que le porche, formant une seconde arche naturelle, plus modeste celle-là...

Arrivés au lieu-dit Viaton, on peut redescendre sur St-Hippolyte par la « Charrière » en vingt minutes.
Mais nous obliquons à gauche, en direction de la Grotte de la Roche. (500 mètres en commun avec le GR5)
Le sentier herbeux rejoint le carrefour des routes de Chamesol et Montécheroux. Nous empruntons les chemins de remembrement (tracé jaune et bleu) jusqu’à l’orée de la forêt qui coiffe la deuxième portion de falaises.
Cheminement forestier en montagnes russes, mais avec de nombreuses échappées sur la vallée du Doubs.

Les Grottes de la Roche depuis la crête

_ Avec prudence, nous nous approchons d’un belvédère (attention ce n’est pas sécurisé !) qui domine le cirque rocheux de la Grotte de la Roche.
Superbe paroi ! Derrière une aiguille de calcaire, on devine l’entrée de l’immense porche de la cavité. Une cascade invisible se fait entendre.
Nous reprenons notre sentier jusqu’au lieu-dit « les Baraques ». Là, nous redescendons à travers les pâtures puis jusqu’au GRP du Tour du pays de Montbéliard. Nous cheminons à nouveau en forêt, toujours en descente, lorsqu’un panneau blasonné « d’azur à la croix d’argent, cantonnée de quatre annelets d’or » nous invite à une dernière ascension : Nous sommes au pied du château de la Roche.
Après le contournement d’un gros bloc de rocher, éboulé en 2004, nous arrivons sur les premiers vestiges du château. Contre la paroi de l’éperon rocheux, un soubassement de mur est adossé. Il s’agit des écuries de l’ancienne forteresse.

Le château de la Roche était l’un des rares châteaux troglodytes de Franche-Comté.

Édifié par les Comtes de la Roche, entre les XIe et XIIe siècles, il n’apparaît pas dans les textes. Situé à l’écart des routes, son rôle ne se conçoit que comme un refuge. Il a été rasé sous les ordres de Louis XIV.

_ Il comprenait deux bâtiments, séparés par une cour et un fossé.

Le premier, flanqué de deux tours rondes, mesurait environ trois mètres de largeur et fermait complètement l’entrée de la grotte.

Le second formait le corps principal de l’édifice, et comptait quatre pièces : une cuisine, un poêle et deux chambres, le tout sur une largeur de six mètres.

Une échelle qui partait d’une ouverture dans le toit, permettait de gagner directement le poste de guet, placé à gauche de l’entrée, à une trentaine de mètres du sol.

Aujourd’hui il ne reste quasiment rien de la première muraille, et seulement quelques pierres de l’écurie, située plus en aval.

Le poste de guet paraît mieux conservé pour la simple raison qu’il est inaccessible sans matériel d’escalade..

Le refuge de la roche englobait la vaste caverne qui s’étend au-delà des fortifications et qui elle pouvait abriter une population très importante.

Au fond de la vaste galerie, on accède directement à une rivière souterraine.

le porche
Grotte de la Roche
le porche de la grotte
vesrtiges du château de la Roche

Quelques lacets encore, et on débouche à l’aplomb du formidable porche de 15 mètres de large pour 50 mètres de haut !
Quelques vestiges de construction sont encore visibles, ainsi que des encoches dans le rocher, qui recevaient les extrémités des poutres.
La haute galerie se prolonge sur plus de cent mètres sous la roche.
Au fond à gauche, un boyau descendant conduit à la rivière souterraine.

Cette grotte, (site classé le 23 mai 1912), contient l’un des gisements paléolithique, archéologique et historique les plus importants pour la connaissance de la région. En effet, elle contient des vestiges de la faune des périodes glaciaires du Würm I et II, des traces d’occupation néolithique et gallo-romaine sous les aménagements médiévaux.

L’ambiance de cette grotte est très particulière ; sa luminosité diaphane lui donne une solennité qui ne laisse personne indifférent.

résurgence du Besset (ou de la Tannerie)

En redescendant, dans le lacet qui suit le bloc éboulé en 2004, nous nous engageons droit devant sur le sentier qui longe la falaise par la droite, pour rejoindre, à une centaine de mètres de là, la résurgence du Besset.
Un moulin a dû fonctionner sur la petite chute d’eau.

Puis, nous rebroussons chemin et retrouvons le GRP, qui nous conduit, un peu plus bas, sur les ruines d’un ancien moulin (alimenté en eau par la cascade de la résurgence vue plus haut).

linteau gravé

Bientôt, nous franchissons deux bornes gravées (récemment) aux armes des Comtes de la Roche.

Le chemin buccolique nous ramène tranquillement sur St-Hippolyte, en passant par la ferme de la Grosse Roche, puis à flanc de coteau entre pâtures et forêt, où nous dépose au niveau du camping. Encore cinq cents mètres pour retrouver le parking de départ...

vue sur le site des grottes de la Roche
ruines d’habitation

Dans la mesure du possible essayez d’être de retour au parking avant 18h le samedi, 19h les autres jours, sauf le dimanche, de manière à rendre visite au boucher-charcutier Corneille sur la place principale. Vous trouverez chez lui des saucisses sèches pour l’apéritif du soir, du jambon fumé ou très fumé, du vrai lard paysan et d’autres gloutoneries.
Surtout n’omettez pas de traverser la route et de vous rendre chez "la Françoise" (Au Bon Comté). Cette crémière fort sympathique vous proposera les meilleurs spécialités laitières de la région !

Informations historiques tirées de :

+ Panneau d’interprétation de "la grotte du Bisontin" réalisé par le collège Jacques Courtois de St-Hippolyte.

+ "La guerre de Dix Ans, 1634-1644" de Gérard Louis - Publié par Presses Univ. Franche-Comté, 1998

+ Fiche de Site Classé de la Direction Régionale de l’Environnement de Franche-Comté.