Les Échelles de la Mort - Charquemont (25)

, par  Eustache

Au départ des Essarts-Cuenot, sur la commune de Charmauvillers, voici une randonnée qui se déroule en partie sur les côtes boisées qui surplombent le Doubs. Puis empruntant les Échelles de la Mort, le circuit permet ensuite de longer le Doubs avant de reprendre de la hauteur.

On stationnera sur le parking de chasse des Essarts-Cuenot.
Nota : Le circuit peut tout aussi bien démarrer de la centrale électrique du Refrain.

Balisage PR du Doubs (bleu et jaune) et GR5 (blanc et rouge)

Distance : 10 km
Dénivelé : 400m
Temps de marche : 3h30 à 4h
Carte IGN : 3623 OT

Sur les Côtes du Doubs

aux Neux du Faulx

Peu après le départ, un panneau directionnel nous propose le Belvédère des Vieilles Femelles à une quinzaine de minutes, mais on fera d’abord une petite halte à l’ancienne chapelle de la Communauté des Essarts-Cuenot, dont les murs ont été reconstitués par les Amis des sentiers du Doubs.

Et l’on y apprend que la Communauté des Essarts-Cuenot, liée à la verrerie établie sur la rive du Doubs, est attestée depuis 1685 et constituée d’un habitat dispersé. La construction de la chapelle remonterait quant à elle à 1632, mais n’existait déjà plus au début du XIXe siècle, probablement victime d’un incendie.

Au XIXe siècle, la population s’élevait à 136 habitants, dont une grande partie à la Verrerie.

Aujourd’hui il ne reste que peu de traces de ce village oublié : la verrerie a cessé de fonctionner et les maisons des Côtes ont disparu. La commune des Essarts-Cuenot a été rattachée en 1868 à la commune voisine de Charmauvillers.

Le belvédère des Vieilles Femelles offre une vue sur les rapides des Charbonnières, juste en contre-bas, et en amont sur l’enfilade des gorges du Doubs jusqu’à l’usine électrique du Refrain.

Reprenant le cours de la randonnée, on suivra le sentier qui mène à la Piolotte.
Au détour d’une crête rocheuse, le sentier est en partie barré par un éboulement récent... Ce secteur semble assez instable si l’on en juge par les blocs d’éboulis qui jalonnent le parcours. A la bifurcation de la cote 808, le balisage est manquant jusqu’à l’ancienne ferme de la Piolotte : il faut d’abord suivre la piste de gauche qui conduit à une pâture, Puis à gauche, contourner la croupe herbeuse par une vague sente à deviner dans les hautes herbes. On arrive rapidement en vue de ce qui reste de la ferme de la Piolotte.
Le balisage retrouvé nous dirige vers le fond de la pâture (suivre les traces de traceur dans l’herbe, à 210° environ). Là, il faut traverser une zone très boueuse et un barbelé pour retrouver un chemin forestier fléché.
On arrive bientôt à l’ancienne ferme de la Crampoulotte, où les randonneurs peuvent faire une pause abritée en cas de besoin.

On reprendra notre chemin en direction des Neux de Faulx., débouchant sur le GR5 au niveau d’une petite source dont l’eau est recueillie par un vestige d’abreuvoir.
Le chemin que nous empruntons maintenant, nous révèle encore par son vieux mur de soutènement, qu’il était une voie de communication importante entre les différents hameaux qui émaillaient les Côtes.
Bientôt nous rejoignons le sentier venant de la Combe St-Pierre et le belvédère des Échelles de la Mort s’offre à nous.

Mythiques Échelles de la Mort

l’échelle supérieure

Moulin, Orgues, Aiguille, Désert, Couleuse... de la Mort.
Par une belle journée d’été, le canyon et les magnifiques falaises qui s’offrent au regard depuis le belvédère laissent difficilement imaginer les conditions de vie dans ces gorges, qui ont conduit à des dénominations aussi funestes.

Il fut un temps, les échelles étaient de simples troncs d’arbres traversés par des bouts de bois, puis des échelles de bois à doubles montants leur succédèrent. Les frères Louvet, forgerons à Charquemont, fabriquèrent en 1898 des échelles à base d’acier anglais. Ces dernières, posées en février 1899, furent acheminées par le haut avec l’aide de chevaux et nécessitèrent deux jours de travail et la présence de dix personnes. Ces travaux, antérieurs à ceux de l’usine, ont été financés par les communes de Charquemont et du Boulois afin de faciliter les relations commerciales avec la Suisse. Les Échelles furent évidemment un lieu de passage pour de nombreux contrebandiers et, durant la dernière guerre, pour des passages clandestins.
Les Échelles ont été rénovées et sécurisées en 2005.

Juste avant d’emprunter le sentier d’accès à la grande échelle, on ne peut manquer un hêtre phénoménal qui tend son bras le long de la balustrade.

La descente le long d’une échelle aux marches confortables ne pose pas de problème particulier, pourvu que l’on ne soit pas trop sujet au vertige...
Après une deuxième volée d’escaliers qui épouse le terrain, on chemine tranquillement jusqu’au parking de l’usine électrique. En levant les yeux le long des parois rocheuses qui nous dominent, sans doute apercevrons-nous quelques adeptes de l’escalade câblée...

Sur les rives du Doubs

l’usine électrique du Refrain

|[brun]Le complexe hydro-électrique du Refrain[/brun]
Le barrage du Refrain créé une retenue d’une capacité de environ 1 200 000 m3 à partir de laquelle une prise d’eau dirige une partie de la rivière dans une galerie d’amenée souterraine. Après avoir parcouru près de 3 kilomètres à travers la montagne, cette galerie aboutit à deux « conduites forcées » de 110 m de long qui alimentent en eau les groupes turbine-alternateur de la centrale située à l’aval.
La centrale hydroélectrique du Refrain est équipée de trois groupes turbine-alternateur. Chaque turbine, de type Francis double, tourne sous l’action de l’eau, entraînant un alternateur qui produit l’électricité. Les alternateurs sont reliés à un transformateur qui élève la tension de 5 500 à 63 000 volts pour le transport de l’électricité vers le réseau de distribution. L’ensemble a été sérieusement rénové cette année (2010). |

Le sentier au fil de la rivière va nous offrir une magnifique galerie de tableaux apaisants et rafraîchissants, jouant de jeux de miroir et de symétries...
Puis l’écho de rapides annonce l’ancien moulin de la Charbonnière du Bas, construit au XVIe siècle, fonctionna jusqu’en 1896. Les moulins hydrauliques cumulaient en général plusieurs fonctions : moulin à grains, battoir, scie, taillanderie...
Du moulin banal de la Charbonnière, il ne reste que peu de vestiges... Mais l’on ne peut passer à côté de deux superbes meules qui gisent dans l’amoncellement de pierres écroulées sur la berge sans une pensée pour ces hommes qui ont travaillé dans ces gorges.

Continuant notre balade, nous arrivons bientôt aux abris de la "Roche aux Chevaux" et plus loin une petite source nous offre encore un peu de fraîcheur avant de remonter la côte...

Rude montée à la faveur d’une "couleuse" (terme régional pour désigner un passage possible - et très abrupt - dans une barre rocheuse) qui nous hisse rapidement au niveau du GR5 au lieu-dit "Champs du Doubs".
On bifurquera à droite jusqu’à retrouver un fléchage qui nous indiquera le sentier qui mène à notre point de départ...

Randonnée effectuée le : 24 Juin 2010