Le Maquis d’Ecot (1/4)

, par  Marc

D’après le livre de Henri EUVRARD, alias Riquet membre actif de ce maquis (agent de liaison)

Ce livre, d’où ce résumé est extrait, est dédié :
 à la mémoire des Anciens du Maquis d’Ecot, tués dans les combats de la Résistance, fusillés ou morts en déportation, ou encore tués dans les combats pour la Libération.
 à leurs familles, si durement éprouvées, en témoignage de notre affection.
 à notre jeunesse qui porte tous nos espoirs.

C’est donc à tout cela que j’aimerais que toutes personnes qui liront ce maigre résumé pensent en premier. Les photographies que vous trouverez dans ce texte, proviennent de la collection privée de M. J.M. RAMOS de Bavans. Merci aussi à lui.

C’est à Etouvans, village de 570 habitants, que se trouve le berceau du Maquis d’Ecot. Il est implanté dans les bois à proximité des fermes de Lucelans (commune de Mathay) et à 2 km du village d’Ecot. C’est à Etouvans, village natal de la femme du Commandant JOLY (Valentin, né le 11/05/1910 à Mont-de-Val Doubs), qu’est établi le P.C. Un esprit exceptionnel animait ce village, presque tous les hommes et jeunes gens avaient répondu présent à l’appel du Commandant Joly. Cette commune pour sa brillante conduite a reçu après la Libération des mains du Colonel MAURIN ancien chef de la S.R.D.2, la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze.

Bien avant le 6 juin 1944 plusieurs groupes de résistances existaient au Pays de Montbéliard ; ces groupes étaient rattachés à O.C.M. Buschmaster César. (Organisation Civile et Militaire) Les résistants provenaient de tous les milieux, anciens militaires, ouvriers, paysans, professions libérales, tous avaient répondu à « l’Appel du 18 juin 1940 ».

Leur premier chef fut le père SCHWANDER, vicaire à Montbéliard ; arrêté le 27 juillet 1943, il mourut dans le convois qui de Compiègne l’emportait en Allemagne. C’est le Commandant FOUILLETTE, officier de réserve et instituteur à Audincourt qui reprit le flambeau. Arrêté le 17 octobre 1943, interné au Struthof puis déporté au camp de Buchenwald et libéré en mai 1945. A partir du 23 octobre 1943, c’est donc le Commandant Joly qui devient chef du groupement Pays de Montbéliard. Officier d’un patriotisme ardent, il ne douta pas un instant de la victoire finale et du rôle que la Résistance devait jouer pour la Libération de la France. Son secteur de responsabilité couvre la moitié du département du Doubs, délimité à l’ouest par Baume-les-Dames, à l’est par le Territoire de Belfort, au sud par la Suisse et au nord par le secteur d’Héricourt.

Son action commence par la réorganisation des divers groupes de résistance décimés par les arrestations du 23 octobre. Lui même est recherché, vendu par ceux qui sont à la solde de l’ennemi. Le 11 février 1944, les Allemands viennent pour l’arrêter, ne le trouvant pas c’est son épouse qui sera arrêtée et internée à la prison de la Butte à Besançon (relâchée 15 jours plus tard)

Les armes et explosifs seront envoyés d’Angleterre, malheureusement pas assez nombreux pour armer tout l’effectif. Certains parachutages effectués l’hiver se feront dans 40 cm de neige. Le plus périlleux étant le transport, c’était André LACLEF d’Etouvans qui le faisait avec des chariots attelés par des chevaux. Il en perdra la vie en Allemagne ayant été déporté.

De l’un de ces parachutages nous avons reçu dans la nuit du 5 au 6 mai 1944 le Commandant PAUL, officier américain (son vrai nom Ernest FLOEGE) qui avait habité en France, sa mère étant d’origine alsacienne. Son radio parachuté avec lui était André BOUCHARDON (André) natif de Saône et Loire. Le Commandant Paul devait, en liaison avec le Commandant MEYER (Polyte) de Beaulieu-Mandeure, organiser le maquis du Lomont.

Les explosifs servent aux sabotages de la voie ferrée Belfort-Besançon, (selon « le plan vert » demandant, d’une façon organisée de créer des coupures de voies ferrées sans détruire les ouvrages d’art pour permettre une remise en état rapide après la libération) Ils furent nombreux et occasionnent de grands retards pour les convois ennemis. Le plus spectaculaire fut le déraillement d’un train de permissionnaires allemands, le jour des Rameaux 1944 à 6 h 20 du matin entre Voujeaucourt et Berche. Il y eu de nombreux morts et blessés.

Enfin le jour tant attendu est annoncé, les 1er et 2 juin, Joly reçoit par la B.B.C. le message annonçant le débarquement. C’est la mise en état de combat des groupes de résistance devant former le maquis.

Le 2 juin, réunion des chefs de groupes pour communication des consignes.

Le 5 juin, nouvelle réunion pour ordre d’exécution et départ au maquis.

Le 6 juin, c’est enfin le jour tant attendu, le jour J. Une immense espérance illumine ce jour là les yeux de beaucoup de Français, en particulier des Résistants qui attendaient l’évènement depuis plus d’un an.