Claude-Joseph ROUGET de LISLE Auteur de la Marseillaise

, par  Mitch

Officier français, auteur de La Marseillaise, né à Lons-le-Saunier en 1760, mort à Choisy-le-Roi en 1836.

Claude-Joseph est né le 10 mai 1760 à Lons-le-Saunier, du légitime mariage de Claude Ignace Rouget et de Jeanne Madeleine Gaillande ; mariés depuis un an, ils habitaient le village voisin de Montaigu.
Il est l’aîné d’une famille de 8 enfants (5 garçons et 3 filles). Il passera sa jeunesse à Lons-le-Saunier où il fit de bonnes études, montra de bonne heure un goût prononcé pour la poésie et la musique.

Vous noterez que son nom de famille est alors "Rouget" : sa famille n’adoptera le nom "de Lisle" qu’en 1776, alors que Claude-Joseph est âgé de 16 ans, afin de faciliter son entrée à l’Ecole Militaire de Paris, dont il sortira lieutenant du génie en 1784.

La Révolution n’interrompt en rien la poursuite de sa carrière militaire, qui sans être brillante, lui permettra de faire montre de son attachement aux idées de 1789.
Capitaine de 5e classe au génie dans l’armée du Rhin, il est à Strasbourg le 24 avril 1792 au moment de la déclaration de guerre au Roi de Bohème et de Hongrie, c’est au cours d’une réception organisée par le maire Dietrich, qu’il improvise dans la deuxième partie de la nuit du 24 au 25, son Chant de guerre pour l’armée du Rhin, dédié au maréchal Lukner, ce qui lui vaudra de passer à la postérité (appelé plus tard Hymne des marseillois).

On a prétendu à tort que Rouget de Lisle n’en était pas le véritable auteur ; néanmoins, de son propre aveu, le dernier couplet, qui est le plus beau, ne serait pas de lui. Il faut noter qu’il n’avait pas eu l’intention d’écrire un hymne républicain. Partisan de la royauté, il refusa de trahir le serment de fidélité qui le liait à Louis XVI. Il changea même deux vers de La Marseillaise qui lui parurent, après coup, trop républicains : à la dernière strophe, "et que les trônes de tyrans - croulent au bruit de votre gloire", furent remplacés par "que les ennemis expirant - voient ton triomphe et notre gloire".

Il servit pourtant dans l’armée des Ardennes, mais fut arrêté comme suspect sous la Terreur. Délivré de la mort par Robespierre, il composa le Chant du 9 thermidor. La convention post-thermidorienne saura récompenser celui que l’on considère maintenant comme le Tyrtée français, une loi du 26 messidor an III ( 24 juillet 1795 ) porte d’ailleurs que "les airs et chants civiques qui ont contribué au succès de la Révolution seront exécutés par les corps de musique de la garde nationale et des troupes de ligne".

Envoyé en 1795 à l’armée des Côtes de Brest, il démissionna l’année suivante le 9 avril 1796, pour occuper diverses fonctions, dont celle d’agent accrédité auprès du gouvernement français par l’ambassade de la république Batave.
Sous l’empire, on le retrouve à la tête d’une entreprise de fournitures de vivres auprès des armées.

La carrière littéraire sans relief que Rouget de Lisle poursuivra ensuite, en rédigeant des préfaces, traduisant des ouvrages de l’anglais et publiant des mémoires ne lui vaudra pas la fortune.
Il finira d’ailleurs sa vie dans une relative précarité matérielle, devant même vendre la part d’héritage de la propriété venant de son père, c’est seulement sous la monarchie de Juillet que Louis Philippe le fera Chevalier de la Légion d’Honneur et lui accordera sur sa cassette personnelle une pension viagère de 1500 francs, à laquelle s’ajouteront deux pensions de 1000 francs respectivement octroyées par les ministres du commerce et de l’intérieur.

C’est peu de temps après qu’il s’éteint à Choisy le Roi le 26 juin 1836 à l’âge avancé de 76 ans.

Rouget de Lisle a publié Bayard en Bresse, pièce lyrique (1791), Historique et souvenirs de Quiberon (1797), L’école des mères, comédie (1798) et Cinquante chants français, paroles de divers auteurs et musique de Rouget de Lisle (1825).

Une statue, créée par Bartholdi (à qui l’on doit le Lion de Belfort), a été inaugurée à Lons-le-Saunier en 1881.

La Marseillaise

Le 25 avril 1792, à Strasbourg, dans le salon du baron de Dietrich, dans le salon de Philippe de Dietrich, premier maire constitutionnel de Strasbourg, dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 et ami de Lafayette, l’effervescence est à son comble... Cinq jours plus tôt, la France a déclaré la guerre à l’Autriche.

Le maître de maison s’adresse au jeune Joseph Rouget de Lisle, officier de son état et violoncelliste à ses heures, originaire de Lons-le-Saunier (32 ans). "Monsieur de Lisle, vous qui parlez le langage des Dieux, vous qui maniez la harpe d’Orphée, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l’appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation", lui aurait demandé son hôte.

Le capitaine de garnison s’exécute avec fougue. Il s’inspire pour les paroles d’une affiche de la Société des Amis de la Constitution intitulée "Aux armes, citoyens !" et d’une ode de Boileau.

Pour la musique, de mauvaises langues prétendent qu’il aurait repris l’air de la Marche d’Assuérus, d’un certain Lucien Grisons.

Son chant patriotique apparaît moins cru que les chants traditionnels des sans-culottes comme la Carmagnole ou le Ca ira. Cela lui vaut un succès rapide.

D’abord baptisé Chant de guerre pour l’Armée du Rhin, il est repris par les fédérés marseillais à leur entrée dans Paris en juillet 1792. D’où le nom définitif de Marseillaise que lui attribuent les Parisiens.

La Marseillaise va scander la charge des soldats de Valmy et deviendra suivant le mot d’un contemporain le "Te Deum de la République". Elle sera décrétée chant national en 1795 par la Convention et deviendra hymne national en 1879, quand triomphera la République.

C’est la première fois, avec La Marseillaise, qu’un peuple se reconnaît dans un hymne. "Il fut le chant du patriotisme, mais il fut aussi l’imprécation de la fureur. Il conduisit nos soldats à la frontière, mais il accompagna nos victimes à l’échafaud. Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat et égorge les victimes dans la main du bourreau" (Alphonse de Lamartine, L’Histoire des Girondins).

Pour la petite histoire, précisons que de Dietrich fut fort mal récompensé de son patriotisme car il finit sur la guillotine quelques mois plus tard. Rouget de Lisle échappa au même sort par la fuite.

Allons enfants de la patrie

Le jour de gloire est arrivé

Contre nous de la tyrannie

L’étendard sanglant est levé (bis)

Entendez-vous dans les campagnes

Mugir ces féroces soldats

Ils viennent jusque dans nos bras

Egorger nos fils, nos compagnes

Aux armes citoyens, formez vos bataillons

Marchons ! Marchons !

Qu’un sang impur abreuve nos sillons

Nous entrerons dans la carrière

Quand nos aînés n’y seront plus

Nous y trouverons leur poussière

Et l’exemple de leur vertu (bis)

Bien moins jaloux que de leur survivre

Que de partager leur cercueil

Nous aurons le sublime orgueil

De les venger ou de les suivre

Aux armes citoyens, formez vos bataillons

Marchons ! Marchons !

Qu’un sang impur abreuve nos sillons

Amour sacré de la patrie

Conduis, soutiens nos bras vengeurs !

Liberté, liberté chérie

Combat avec tes défenseurs (bis)

Sous nos drapeaux que la victoire

Accours à tes mâles accents

Que tes ennemis expirant

Voient ton triomphe et notre gloire !

Aux armes citoyens, formez vos bataillons

Marchons ! Marchons !

Qu’un sang impur abreuve nos sillons

Si la naissance de Claude-Joseph ROUGET de LISLE à Lons-le-Saunier ne fait aucun doute, les origines des ses aïeux a laissé bien plus de place au doute : Mouthe, le Languedoc, le Poitou... Nombreuses sont les théories divergentes.

Or, il est désormais avéré que la famille Rouget de Lisle est bel et bien originaire de Franche-Comté : nous tenons à remercier chaleureusement Mme Michelle CASTEX-ROUGET, généalogiste, qui nous a transmis sa plaquette "Les origines franc-comtoises de la famille Rouget-de-Lisle", fruit de son immense travail de recherche.